Le Doron de Bozel et vallées de Méribel, Courchevel, Champagny et Pralognan-la-Vanoise

Département  : Savoie
 
Communes  : CHAMPAGNY-EN-VANOISE, SALINS-LES-THERMES, VILLARLURIN, SAINT-MARTIN-DE-BELLEVILLE, LA PERRIERE, LES ALLUES, PLANAY, PRALOGNAN-LA-VANOISE, SAINT-BON-TARENTAISE, AIME, BOZEL, BRIDES-LES-BAINS, FEISSONS-SUR-SALINS, MONTAGNY, NOTRE-DAME-DU-PRE, MACOT-LA-PLAGNE
 
Famille de paysages : Paysages naturels de loisirs
 
Surface (Ha) : 22981
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

En partant de Salins-les-Thermes juste après Moûtiers, et en suivant la route départementale 915, on est immédiatement saisi par l’aspect très boisé et étroit de la vallée de Bozel (1). Rien n’indique que l’on est sur la route des célèbres stations que sont Courchevel, Méribel et Pralognan. Il faut dire que le chemin est encore long pour accéder à ces stations situées au bout d’étroites vallées perpendiculaires au Doron de Bozel.Un indice cependant nous indique que l’on est proche de la Vanoise, car dans l’axe de la route, deux célèbres sommets apparaissent : la pointe du grand Bec et la Grande Casse (2). On continue donc notre chemin en fond de vallée, et on traverse d’abord une petite ville thermale au charme désuet : Brides-les-bains (3). C’est depuis cette ville, que l’on pourra rejoindre la station de Méribel (4) et la réserve naturelle de Tueda (5) (réserve de pins cembro), en suivant le Doron des Allues (6).Si l’on poursuit plus loin dans la vallée de Bozel, on croise bientôt une autre route qui suit cette fois le Doron de Saint-Bon et qui monte vers la station de Courchevel (7), qui se développe entre 1300 et 1850 mètres d’altitude.Enfin si l’on continue encore en fond de vallée, on arrive à la petite ville de Bozel groupée autour de son église baroque le long du torrent, au pied de la dent du Villard (8), cet imposant massif (9) qui marque la fin du Doron de Bozel et l’entrée dans la vallée sinueuse (10) de Pralognan-la-Vanoise.

Identification

La vallée de Bozel (1) relie Moutiers à la petite ville de Bozel. Elle se caractérise par un fond de vallée encaissé creusé par le torrent de Bozel (2). Les flancs nord et sud de la vallée sont occupés de façons distinctes : l’adret de la vallée concentre les pâtures (3), les cultures et les habitations traditionnelles, tandis que l’ubac est très boisé (4) (hêtres, frênes, saules marsaux et peupliers blancs jusqu’à 1500m, puis conifères) et donne accès aux vallées des stations de sports d’hiver.Orientée est-ouest, la vallée de Bozel est limitée par - Les gorges de Pontille et le relief dominé par le Grand Bec (3398 mètres) à l’est (5).- Les reliefs dominés par le Mont du Borgne (3153 mètres), l’aiguille du Fruit (3050 mètres), le Petit Mont Blanc (2678 mètres), et le Grand Marchet (2651 mètres) au sud (6).- Les crête dominées par le mont Jovet (2558 mètres), le Roc du Bécoin (2592 mètres), la Pointe de Tougne (2739 mètres) au nord (7).- Salins-les-Thermes en fond de vallée et la Montagne de Cherferie dominée par le mont de la Chambre et le mont Vallon (2850 mètres) (8).La vallée est la porte d’accès des stations de Méribel, Courchevel et Pralognan qui sont situées au bout de vallées secondaires perpendiculaires au Doron de Bozel. Le fond de la vallée est constitué des séquences urbaines suivantes :-Depuis Brides-les-bains on rejoint Les Allues (9) et la vallée de Méribel.-Depuis Bozel on rejoint Saint Bon et Courchevel (10) vers le sud et Champagny vers le nord.-Depuis le Villard on rejoint Pralognan (11) qui est une des portes du Parc National de la Vanoise.L’accès à toutes ces hautes vallées se révèle toujours difficile : la vallée de Pralognan par exemple est commandée par les gorges de Ballandoz (12), tandis que pour rejoindre Champagny, il faut d’abord traverser les gorges de la Pontilles. Mais une fois dans les hautes vallées, les vues deviennent larges et lointaines et s’ouvrent sur d’immenses alpages et d’impressionnants sommets (13) dont le point culminant de la Savoie : la Grande Casse à 3852 mètres d’altitude.

Qualification

L’économie locale de la vallée de Bozel repose en très grande partie sur le tourisme (1, 2, 3). Le domaine des « Trois Vallées » qui regroupe les vallées de Courchevel, Méribel et Les Menuires / Val Thorens, est le plus grand domaine skiable du monde et ne compte pas moins de 600 kilomètres de pistes. Réputée pour son standing de luxe : golf (4), altiport (5) et neuf palaces, la station de Courchevel est aujourd’hui une station huppée. Par ailleurs l’ensemble de la vallée de Bozel et des vallées de Pralognan, de Méribel, de Courchevel et de Champagny a été très médiatisé par les jeux olympiques d’hiver (JO d’Albertville) en 1992.Courchevel et Méribel font partie des stations de skis pionnières, développées après guerre.« Courchevel 1850 » (6) est la première station française construite ex-nihilo et entièrement consacrée au ski. Portée par le conseil général de la Savoie, elle était à l’origine une station à vocation « sociale ». Elle a été conçue par une équipe d’architectes et d’urbanistes regroupée autour de Denys Pradelle et Laurent Chappis (AAM : Atelier d’Architecture en Montagne). On parle de « l’école de Courchevel », car cette station est le lieu d’invention de principes d’architecture et d’urbanisme qui ont été repris dans bien d’autres lieux par la suite (La Plagne, les Arcs ou Flaine, par exemple). Les habitations y sont desservies par les pistes qui convergent toutes vers le centre de la station, la grenouillère. Les bâtiments sont construits avec un toit à une seule pente ou à deux pentes inversées (7) (en papillon), avec de larges baies vitrées orientées vers le sud et des balcons pour profiter de la vue (8). Aujourd’hui l’intérêt architectural des constructions pionnières de Courchevel 1850 a été reconnu et certains édifices ont été inscrits en 2005-2006 comme Monuments Historiques. Un des chalets d’origine est en cours de classement en 2011.La ligne de conduite du projet de Méribel est différente. Elle est celle d’un « village résidentiel d’altitude en pleine nature » (les Allues). Les architectes de la station, Paul Jacques Grillo, puis Christian Durupt et André Detour, y ont construit des bâtiments faisant référence au bâti traditionnel : large toit couvert de lauzes à deux pans, rez-de-chaussée maçonnés, et étages en bois avec larges baies vitrées et balcons filant (9, 10). Charlotte Perriand a accompagné les travaux de l’équipe d’architectes et a construit une résidence pour son propre usage.Ces deux stations sont valorisées dans le cadre de l’itinéraire culturel « archipels d’altitude » porté par la Fondation pour l’Action Culturelle Internationale en Montagne (FACIM).Pralognan a encore une autre histoire : c’est la station historique de l’alpinisme en Savoie. L’anglais William Matthews en partit en 1860 pour la première ascension de la Grande Casse, le plus haut sommet de Savoie. Aujourd’hui c’est une petite station de ski, mais surtout la porte d’entrée du Parc National de la Vanoise, créé en 1963.Enfin, en plus des stations de sports d’hiver, la vallée de Bozel est connue pour ses petites villes et ses hameaux patrimoniaux (11, 12). On peut citer par exemple, les nombreux hameaux inscrits de Pralognan en Vanoise, la petite ville de Brides les bains, réputée pour ses sources et ses bains d’eaux chaudes, ou encore Bozel avec sa tour « Sarrasine » (XIIe-XIIIe siècles) (13) et son église Saint-François-de-Sales (1732) dominée par un magnifique clocher à bulbe (14).

Transformation

Les principales transformations qui touchent le paysage des vallées de Bozel, Méribel, Courchevel, Champagny et Pralognan-la-Vanoise sont dues au développement du tourisme, et aux extensions des stations de sports d’hiver (1, 2). A Courchevel, par exemple, les différents étages de la station ont tendance à se rejoindre. La station a ainsi perdu au fil des aménagements et reconstructions son esprit de départ. Depuis 1980, son succès a franchi une nouvelle étape : les transformations, extensions et démolitions ont été autorisées, ce qui a fait disparaître les premières réalisations d’architecture modernes. La densification et la volonté de changer l’image de la station ont conduit à préférer une architecture d’inspiration néo-traditionnelle (3, 4) et à étendre les zones constructibles.Dans les années 1970, la station de Méribel a été complétée par la construction de Mottaret (5), et a été reliée aux 3 Vallées. Enfin, depuis 1990, la dernière née des stations tarines, la Tania (6), est visible directement depuis la vallée du Doron de Bozel.Conjointement au développement des stations, les domaines skiables s’agrandissent et s’équipent (7, 8), le plus souvent, aux dépens des milieux naturels particulièrement vulnérables. L’ensemble de ces vallées a en effet connu un développement majeur avec les jeux olympiques d’hiver (JO d’Albertville) en 1992. Il reste encore de nombreux héritages de ces jeux et notamment sous la forme d’équipements : tremplin olympique (9), patinoire de curling (10), patinoire (11), œufs de Brides-les-bains, village olympique, etcQuant aux infrastructures routières, elles ont aussi bénéficié des jeux olympiques pour être recalibrées et rénovées, et aujourd’hui l’accès à ces vallées perchées est devenu assez aisé.Notons également que la réserve naturelle du plan de Tuéda (commune des Allues) qui s’étend du lac de Tueda au glacier de Gébroulaz en passant par le refuge du Saut, englobant les deux rives du Doron des Allues à été créée en 1990. Mesure compensatoire liée à la création de nouvelles remontées mécaniques à Méribel les Allues, la réserve englobe un itinéraire de retour entre le fond de vallée et la station. Ce fait exceptionnel (superposition de protection et d’usage touristique) engendre des conflits d’usages.

Objectifs de qualité paysagère

En terme de qualité paysagère, les objectifs pour les vallées de Bozel, Méribel, Courchevel, Champagny et Pralognan-la-Vanoise sont :- Favoriser dans les stations des formes d’aménagement économes en ressources et respectant les principes fondateurs des stations (architecture et urbanisme).- Ne pas développer les domaines skiables aux dépens des zones naturelles (1) et qualifier et limiter l’impact visuel des infrastructures telles que les remontées mécaniques (2) et les pistes de ski (3) au moment de leur création.- Améliorer la prise en compte des enjeux naturalistes et paysagers dans les aménagements et les activités de loisirs (4). - Orienter les aides agricoles vers les exploitations qui participent au maintien des paysages ouverts. Par exemple en soutenant le pastoralisme (5).- Soutenir une sylviculture et une filière bois dans les basses altitudes du versant ubac pour éviter un reboisement trop important (6).- Participer à la reconnaissance, à l’entretien et à la réhabilitation des habitations traditionnelles et du patrimoine du XXe siècle.

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