Hautes vallées du massif du Mont Blanc et des Contamines-Montjoie, jusqu’au bassin des Chapieux

60 Hautes vallees du massif du Mont Blanc et des Contamines Montjoie jusqu au bassin des Chapieux
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : BOURG-SAINT-MAURICE, LES CHAPELLES, LA COTE-D’AIME, SEEZ, SAINT-GERVAIS-LES-BAINS, CHAMONIX-MONT-BLANC, LES CONTAMINES-MONTJOIE, LES HOUCHES, VALLORCINE, HAUTELUCE, BEAUFORT
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 32205
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Les hautes vallées du massif du Mont-Blanc font la célébrité des paysages de Haute-Savoie : images de nature pure et inaccessible, sommets les plus hauts d’Europe (1), glaciers immenses et magnifiques (2, 3) …La plupart des visiteurs découvrent ces vallées en empruntant les télécabines (4), télésièges, ou autre petit train (5). En une vingtaine de minutes, on franchit 2800 mètres de dénivelé (6) et on arrive à l’Aiguille du Midi (7) d’où l’on peut admirer de magnifiques vues panoramiques : pelouses alpines et pentes rocheuses (8), impressionnantes crêtes découpées (9), le massif des Aiguilles Rouges, qui nous fait face au nord et le Désert de Platé (10).Mont Blanc (4810,45m) (11) surnommé le \’Toit de l’Europe\’, Mont Maudit (4465m) (12), Dôme du Goûter (4304m), Mont Blanc du Tacul (4248m), Grandes Jorasses (4208m) (13), Aiguille Verte (4122m) (14), les aiguilles du Diable (4114m) (15), Aiguille de Bionassay (4052m) (16), Dent du Géant (4013m) (17), Tré-la-Tête (3930m), Mont Dolent (3820m), Dômes de Miage (3673m)…chaque sommet est reconnaissable pour ceux qui en ont l’habitude, et souvent il est identifié à un grimpeur qui l’a escaladé pour la première fois. Chaque sommet a son histoire, ses légendes (18).

Identification

Les hautes vallées du massif du Mont-Blanc sont délimitées au nord par la frontière Suisse et le Col de Balme (1), à l’est par la frontière italienne, au sud par le massif du Beaufortain (Pointe de la Terrasse, col de Cormet de Roseland (2)), et à l’ouest, par les vallée des Contamines et de Chamonix (3).C’est un paysage orienté sud-est/nord-ouest, griffé par une succession de vallées perpendiculaires au massif (4). Cependant, au-delà des Aiguilles des Glaciers, les vallées des Chapieux (5) et du Torrent de Glaciers ne font réellement parties des hautes vallées du massif du Mont-Blanc que dans la mesure où l’on est bien en pied du massif et que le GR du tour du Mont Blanc parcours l’ensemble de ce territoire. Il n’y a alors plus de relation visuelle avec le Mont Blanc et le bassin de vie de cette vallée entièrement tourné vers Bourg Saint Maurice, et non Chamonix.Long de trente kilomètres et large de la moitié, le massif du Mont Blanc n’occupe que peu de place au sein de la chaîne des Alpes. C’est un paysage de haute montagne, marqué par les sommets du Mont Blanc (4810,45m) (6), l’Aiguille Verte (4122m) (7), et plus d’une vingtaine d’autre au dessus de 4000m. Une importante surface de ce territoire est couverte de glaciers : glaciers des Rognons, Mer de Glace (8), glacier du Tacul, glacier du Géant, glacier du Bionnassay (9), glacier de Tré-la-Tête… Les bâtiments sont quasi inexistants, mais pas totalement. Les principales architectures sont les refuges de haute montagne, comme celui des Conscrits (10) et les chalets de moyenne montagne. Aux Chapieux, hameau en fond de vallée, une zone de camping marque le paysage (11). Les téléphériques et télécabines, notamment celui de l’Aiguille du Midi (12) et de Helbronner (13), ainsi que le train menant au Nid d’Aigle (14), marquent aussi fortement le paysage.

Qualification

Mentionné dans tous les guides et reconnu internationalement, le massif du Mont-Blanc (1) (site classé) est non seulement présent dans l’imaginaire collectif comme le plus majestueux des Alpes, mais comme celui par lequel l’alpinisme serai né.Le développement et la connaissance scientifique du massif se sont faits conjointement de celui de l’alpinisme à partir du milieu du XVIIIe. Avant cela, le Mont Blanc était communément appelé la « montagne maudite », et de nombreuses légendes, peuplées de divinités, sorciers, ou esprit de la montagne, étaient partagées par tous…Avec le rationalisme de la fin du XVIIIe et le matérialisme triomphant du XIXe, portés par les protestants genevois et anglais, la montagne devait désormais être dominée intellectuellement et physiquement. La première ascension complète fut effectuée le 8 août 1786 par Jacques Balmat et Michel Paccard à l’instigation d’Horace-Bénédict de Saussure. Un an plus tard, le scientifique entreprend de monter lui-même, avec 19 autres personnes, au sommet. Mais les premières véritables études scientifiques du sommet du Mont Blanc ont été conduites sur commande du botaniste et météorologue Joseph Vallot à la fin du XIXe. Ce dernier voulant demeurer plusieurs semaines dans le voisinage du sommet fit procéder à la construction d’un refuge en dur, le refuge Vallot. À partir de 1892, l’ingénieur Henri Vallot, avec l’aide de son cousin Joseph, va commencer à réaliser une carte au 1/20000 du massif.Les années 1800 voient les sommets atteints les uns après les autres (2) : première ascension de l’aiguille Verte en 1865 par Edward Whymper, Christian Almer et Franz Biner. Première ascension de la pointe Walker des Grandes Jorasses en 1868 par Horace Walker, avec Melchior Anderegg, Johann Jaun et Julien Grange. Première ascension de la Dent du Géant en 1882, par W. Graham avec Auguste Cupelin et Alphonse Payot…Le Mont Blanc est en même temps présent dans de nombreuses œuvres, notamment dans la littérature : Alphonse Daudet, John Ruskin, Jules Verne, Victor Hugo, Roger Frison-Roche…évoquent où donnent une place centrale au massif.Aujourd’hui, le Mont Blanc est un des sites naturels les plus visités du monde (3).C’est un lieu incontournable de l’alpinisme de haute montagne (escalade (4), bivouacs, marche sur les glaciers (5)…) mais aussi de randonnée avec le GR du Tour du Mont-Blanc (6). Il est également devenu un paysage de loisirs auquel les visiteurs peu expérimentés en matière d’alpinisme ont désormais facilement accès grâce au téléphérique de l’aiguille du Midi (7) (458000 passagers en 2007) qui mène aux plateformes d’observations panoramiques aménagées sur les deux pointes de l’aiguille (8, 9) ainsi qu’à la télécabine « Panoramic Mont-Blanc » (9) entre l’Aiguille du Midi et la pointe de Helbronner en Italie.Il existe également d’autres moyens d’accéder aux sommets, notamment par les téléphériques et télécabines des domaines skiables des Grands Montets (10) et de la Balme (11), par le tramway du Mont-Blanc au départ de Saint-Gervais (12) (84000 passagers en 2007) et surtout, le train du Montenvers (13) par lequel 831000 personnes sont montées admirer la mer de Glace en 2007 ! On notera que ces infrastructures sont également utilisées par les alpinistes, qui ne partent plus des vallées depuis longtemps.

Transformation

Selon qu’on consulte une carte éditée en France ou en Italie, on ne lira pas le même tracé de la frontière séparant les deux pays au niveau du sommet du Mont-Blanc. Sur les cartes italiennes, le sommet est un point de la ligne séparant les deux états. En revanche, les cartes françaises font apparaître une bande de terre française triangulaire qui pointe vers le sud au niveau du Mont-Blanc. Selon ces cartes, le sommet du massif serait donc entièrement en France, la frontière passant par le Mont Blanc de Courmayeur.L’existence d’une frontière à travers le massif remonte à la cession de la Savoie à la France, en 1860. On aura comprit que le litige sur le tracé de cette frontière cours depuis, et qu’il n’est toujours pas clos (1).Depuis l’avènement du tourisme et la mise en place de nombreuses infrastructures de remontées mécaniques, la principale transformation que connaissent les hautes vallées du massif du Mont-Blanc est d’ordre naturelle : il s’agit de l’érosion et de la fonte des glaciers qui « remontent » et découvrent de plus en plus de roche. Depuis 1850, le glacier de la Mer de Glace (2) a perdu 150 mètres de longueur, tandis que son épaisseur est passée de 230 à 120 mètres. Cela entraîne des modifications conséquentes de certaines infrastructures comme le captage d’eau d’EDF sous la Mer de Glace. Ce captage, peu connu car invisible, pourrait bientôt être mis à nu par les fontes. EDF étudie la remontée d’environ 1000 m de ce captage, toujours sous le glacier bien évidemment.La fréquentation touristique, qui est très intense (3), est également très localisée du fait de la nature même de la rudesse du lieu . Les touristes fréquentent les stations et les téléphériques, les alpinistes suivent les voies (4), de refuges en refuges. La fréquentation des voies, en hausse permanente, pose de vrais problèmes : 25 000 à 30 000 personnes se sont lancées en 2005 à la conquête du mont Blanc. La sécheresse l’été 2003 qui a entraîné une fréquentation accrue du site est révélatrice à cet égard : plusieurs dizaines de tonnes de détritus et déchets divers ont été laissées par les alpinistes qui campaient dans le secteur du refuge du Goûter alors même que le camping est interdit. Cette surfréquentation a entraîné la reconstruction de plusieurs refuges : refuge des Conscrits (5) reconstruit en 1997, refuge de Tête Rousse (6) reconstruit en 2005, refuge du Goûter dont la reconstruction est en cours…Aux Grands Montets (7), les télécabines permettent aux skieurs d’investir le glacier de l’Argentière. Cette station mythique pour les skieurs est doublée par le modeste domaine skiable de La Balme (8). Ce dernier est également fréquenté l’été par les randonneurs (9) et les vélos tout terrain (10), les télésièges étant aménagés pour pouvoir monter avec son vélo.

Objectifs de qualité paysagère

Aujourd’hui, l’ensemble des hautes vallées du massif du Mont-Blanc est entièrement classé (1) mis à part le secteur Beaufortain (2) au sud où le hameau des Chapieux, le Col du Bonhomme et ses abords sont inscrits.Le site du massif du Mont-Blanc fait actuellement l’objet d’une demande de classement au patrimoine mondial de l’Unesco en tant que « site exceptionnel unique au monde » et en tant que haut lieu culturel, lieu de naissance et symbole de l’alpinisme.Le principal enjeu du massif est de contenir la surfréquentation du site aussi bien en hauteur (3, 4) que dans la vallée (5) ou à mi pente (6).Le maire de Saint-Gervais-les-Bains propose la mise en place d’un permis d’ascension - comme cela se fait au Népal -, dont la délivrance serait liée au nombre de places disponibles dans les refuges. D’autres, comme l’alpiniste Christophe Profit, demandent la suppression des refuges : « Si les gens plantent leur tente là-haut, c’est parce qu’il y a un hébergement à proximité. Sans refuge, le problème serait réglé. »L’ensemble des problématiques autour de l’accueil des visiteurs se prête à une démarche telle qu’une Opération Grand Site.On préconisera de soigner les coupures visuelles que représentent les tranchées des remontées mécaniques (exemple des remontées sur le Prarion (7) visibles depuis l’autoroute sous le sommet du Mont-Blanc), en plantant suivant des méthodes de terrassement et de revégétalisation telles que celles mises en place sur le site classé des Grands Montets.

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