Haut-Grésivaudan

005 Haut Gresivaudan
Département  : Isère
 
Communes  : GONCELIN, THEYS, ALLEVARD, LE MOUTARET, LA CHAPELLE-BLANCHE, BARRAUX, PONTCHARRA, SAINT-MAXIMIN, LAISSAUD, SAINTE-MARIE-D’ALLOIX, LA BUISSIERE, LE CHEYLAS, MORETEL-DE-MAILLES, LA TERRASSE, LE CHAMP-PRES-FROGES, CROLLES, FROGES, HURTIERES, LUMBIN, LA PIERRE, SAINT-BERNARD, SAINT-HILAIRE, TENCIN, LE TOUVET, CHAPAREILLAN, LA FLACHERE, SAINTE-MARIE-DU-MONT, SAINT-VINCENT-DE-MERCUZE, LES ADRETS
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 13619
 
Carte(s) IGN : 3334OT

Impression générale

Certains y voient la vallée la plus surprenante des Alpes du Nord. Force est de reconnaître que son aspect monumental retient fortement l’attention. Ce caractère lui est conféré par un cadre grandiose, les horizons de Chartreuse à l’ouest et de Belledonne à l’est, qui lui font cortège sur plus de trente kilomètres, entre Grenoble et les avant-postes de l’agglomération de Chambéry. Large vallée ouverte à la lumière, elle est le théâtre d’une activité intense et multiforme, de l’agriculture céréalière à l’industrie, en passant par une dense occupation résidentielle. Voie de traversée pour rallier le territoire savoyard, lieu d’échanges économiques, la vallée du Grésivaudan joue un rôle majeur dans la dynamique de ces territoires. D’aucuns la surnomment aussi « Vallée aux cent châteaux », témoins historiques de cet axe stratégique entre France et Italie, imposantes demeures dans la monumentalité de la vallée. Les châteaux de Bayard, de Monteynard, du Touvet, du Carre, … rythment la traversée d’une vallée aujourd’hui massivement occupée par des monuments plus modernes, immenses sites industriels plus ou moins harmonieusement disposés. Un cadre de vie néanmoins très prisé ; c’est la résidence urbaine à la campagne, zone de déplacements frénétiques, et accessoirement terrain de loisirs en bord de l’Isère et en piémonts.

Identification

Les ambiances contrastées sont générées par le foisonnement des usages dans cette large vallée, qui aurait presque une allure de plaine. L’impression dominante, bien entendu, est créée par les imposants massifs montagneux, Chartreuse et Belledonne, qui bordent ce corridor. Les grands traits paysagers sont forcément marqués par cette typologie, que l’on retrouve moins dans le Bas-Grésivaudan car le massif (celui du Vercors) ne la borde que d’un seul côté. De plus, ici, le regard peut porter loin, jusqu’au massif des Bauges comme point focal au nord.Dans ce cadre naturel, les espaces de modernité dominent. L’Isère, que l’on a vue sur la carte routière, se cache en réalité au regard. Le chemin de fer aussi. L’autoroute, que l’on imaginerait proéminent, se devine à ses bordures rectilignes très arborées et surtout à sa fréquentation. Les deux routes nationales sillonnent le territoire à flanc de coteaux. L’agriculture, nichée entre les frontières artificielles de la voie de chemin de fer et celle des routes, est très présente sur l’ensemble de la vallée mais relativement inaccessible. Restent les espaces industriels et les zones résidentielles, omniprésentes, surtout au sud, là où la proximité de Grenoble arrange aussi bien les entreprises que les particuliers. A chaque espace son territoire, à chaque espace sa fonction d’usage. Cependant, malgré son hétérogénéité, le Haut Grésivaudan reste un paysage lisible du fait justement de la segmentation assez stricte de l’espace en fonction des usages, depuis les pieds des versants jusqu’au fond de vallée : coteaux boisés et vignes, jardins et vergers, bâti et routes, cultures et prés, rivière.

Qualification

Cette grande vallée alluviale doit sa fertilité à la présence de l’eau, qui a contribué au maintien d’une exploitation agricole intense. Depuis l’endiguement de l’Isère en 1960, le Grésivaudan a connu toutes les cultures (blé, colza, pommiers, poiriers, pêchers, noix AOC…), avec une dominante aujourd’hui sur la production de maïs. L’eau comme force motrice a motivé l’installation d’industries, papeteries, scieries… Mais l’eau comme risque d’inondation a repoussé les zones résidentielles à fleur de pente. C’est un peu moins vrai aujourd’hui. En revanche, l’Isère n’est plus accessible ni lisible, tant les peupleraies qui s’y sont développées ont pris d’épaisseur ; ce qui amoindrit sa contribution à la qualité des paysages de la vallée. Restent les gravières et exploitations de sables, images industrielles, qui ont quelquefois fait l’objet d’une reconversion comme base nautique par exemple. Plus on s’éloigne de l’agglomération grenobloise, plus l’agriculture reprend ses droits. Le gradient de l’emprise agricole est très net, sur un axe longitudinal. Si la valeur de ce paysage est imprégnée du côté exceptionnel des massifs qui la bordent – et qui sont donc en dehors -, sa valeur intrinsèque est forte, économique et agronomique. Le prix du foncier traduit efficacement la combinaison des valeurs paysagères et économiques de la vallée du Grésivaudan.

Transformation

Les mutations de la vallée de Grésivaudan ont sans doute démarré tôt, avec la construction des infrastructures (voie de chemin de fer, puis autoroute) et des usines, notamment de houille blanche. Sa position d’axe de communication majeur et la proximité de Grenoble induisent une urbanisation galopante et une forte activité industrielle, qui sont les signes les plus forts de transformation. Cette évolution est particulièrement nette sur le secteur proche de Grenoble, avec des densités très importantes jusqu’à Crolles – au-delà, l’autoroute est payante, ceci explique aussi cela. Mais la frontière se déplace, remontant le cours de l’Isère. Le prix du foncier en témoigne, la pression urbaine grenobloise ne montrant guère de signes de relâchement. A Bernin, on évoque un projet de construction d’une immense digue pour protéger de futures habitations des éboulis rocheux. Situation classique, cette colonisation foncière s’est faite au détriment de l’exploitation agricole. L’espace agricole a été remanié à la mise en place de l’autoroute par les remembrements. Toutefois, la situation un peu enclavée d’une majeure partie des terres agricoles et leur inondabilité devrait les protéger encore d’une expansion foncière forcenée.Aujourd’hui, le maintien des continuités agricoles ouvertes assure la transition entre l’emprise urbaine, de plus en plus forte, et la campagne. Pour combien de temps ?

Objectifs de qualité paysagère

La vallée du Haut Grésivaudan est l’objet de toutes les convoitises et dans cette conquête pour l’occupation de l’espace, chaque acteur doit être considéré. L’enjeu porte sur la lisibilité de ce territoire, dont la rupture d’équilibre serait forcément, à long terme, préjudiciable. La mise en valeur des berges de l’Isère semble aussi une question centrale tandis que la mise de relation des 2 rives peut poser question, s’avérer nuisible à la structure paysagère ou au contraire redonner du sens à la vallée… selon la nature du projet. La structure paysagère réside sur le fait que le centre de la vallée est non bâti, même s’il accueille des infrastructures importantes. La localisation du bâti met en danger l’emprise agricole, dont il est essentiel qu’elle se maintienne sur des surfaces importantes. Limiter les zones de construction, encadrer leur développement est nécessaire pour conserver des respirations et des coupures dans une vallée menacée, à terme, d’asphyxie.Si le développement de l’économie et le résidentiel ne peut être remis en question, il serait salutaire de l’accompagner d’une réflexion sur la revitalisation du centre de ces communes, pour avoir des cœurs de bourg vivants et non des configurations de « communes-dortoirs ».

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