Haut-Giffre

07 Haut Giffre
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : MORILLON, LA RIVIERE-ENVERSE, SAINT-SIGISMOND, SAMOENS, SIXT-FER-A-CHEVAL, VERCHAIX, PASSY, LA COTE-D’ARBROZ, LES GETS, MIEUSSY, SAINT-JEAN-D’AULPS, SAINT-JEOIRE, TANINGES, ARACHES, MARIGNIER, THYEZ, BELLEVAUX, CHATILLON-SUR-CLUSES
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 24416
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Pour parcourir la vallée du Giffre de bout en bout, on choisira d’emprunter les gorges de Mieussy (1), plutôt que le col de Châtillon. A l’écart de la route principale, des hameaux encore ruraux (2, 3) qui dépendent de Mieussy : Messy, Le Lay… se tiennent en hauteur et proposent souvent entres vergers (4) et vieux chalets (5), de très belles vues sur la vallée (6), et le Mont Blanc. Ils sont également une étape agréable sur la route de la station de ski de fond de Sommand (7). Mais regagnons la RD907 pour suivre le torrent du Giffre, peu visible derrière son épaisse ripisylve, et traversons Mieussy (8) avant de franchir l’étroit d’Enté (9). Ce seuil passé, la vallée s’ouvre, et déploie son paysage de sommets rocheux, de versants boisés (10) et de fond de vallée partagé entre torrent (11), pâtures, et urbanisation. On croise tout d’abord Taninges, dominé par le pic de Marcelly, puis Morillon, porte des stations de ski du domaine du Grand Massif qui fait face à l’aiguille du Criou (12), et enfin Samoëns, ancienne capitale des tailleurs de pierre qui ont fait la réputation de la région dans toute la France. On est alors ralenti par un autre accident du relief, les gorges de Tines (13). Enfin Sixt-Fer-à-Cheval, paisible village (14) dominé par les impressionnantes arrêtes de Grenairon (15) commande l’entrée du célèbre cirque de Fer-à-Cheval aux innombrables cascades. Celle du Rouget à Salvagny, nous en donnera un avant goût mémorable puisqu’elle chute sur 70m !

Identification

Les éléments géomorphologiques qui structurent et bordent la vallée du Giffre sont la Montagne de Loex (fin du massif du Chablais) au nord (1) ; le massif de Sixt à l’est (2) ; le Grand Massif et le mont Orchez (3) au sud ; les gorges de Mieussy à l’ouest (lieu dit Croix de la Serraz) (4).L’ensemble de la vallée principale, celle du Giffre, est orienté est/ouest. Le Foron dévale les pentes depuis le col des Gets, au nord, pour se jeter dans le Giffre à Taninges (5).Les paysages du Haut-Giffre sont relativement homogènes, malgré la rencontre d’un verrou glaciaire à Tines (6), d’un resserrement à l’étroit d’Enté ou des gorges de Mieussy. Ces spécificités du parcours forment d’ailleurs des seuils aux deux extrémités de la vallée. L’occupation des pentes est étagée. En bas, les pâtures et les villages, dans la pente, les boisements puis les sommets rocheux. Les boisements descendent parfois assez bas (7) et créent des séquences de vues fermées et ouvertes. Les sommets rocheux caractéristiques sont peu nombreux : pic de Marcelly (2000m) (8), aiguille du Criou (2207m) ou arrêtes de Grenairon (2441m) (9) en avant du mont du Buet.L’implantation du bâti est diffuse. On remarque de très beaux chalets dans les hameaux de Messy ou de Vallon par exemple. Dans les bourgs, de très beaux centres anciens sont à signaler, à Taninges (11) ou à Samoëns.Les chalets traditionnels sont vastes. Ils possèdent une toiture de grande surface à 2 pentes, de faible inclinaison, couvertes d’ancelles. Aujourd’hui elles sont souvent remplacées par la tôle ondulée ou du bac acier. Un ou deux balcons de bois ornent la façade (10). Le soubassement est en pierres maçonnées enduites et les étages (la grange) sont en bois. Les encadrements de porte en pierre calcaire sont taillés, parfois ornementées car les tailleurs de pierre de la vallée du Giffre étaient renommés. Sous les enduits, pierres en vrac maçonnées. Lorsque l’ardoise de Morzine est utilisée, bien souvent les toitures ont une croupe (12).Les chalets actuels sont de gros pavillons en béton, enduit de teinte claire, et de bardage de bois vernis (13). Leur toiture est couverte de tuiles mécaniques. Ils s’implantent en périphérie de village, dans les pâtures. Les collectifs se couvrent également de bardage de bois peint et vernis, caution d’intégration locale (14). Ils possèdent des toits en bac acier. On les rencontre à proximité des stations.Les nombreux vergers (15) qui bordent souvent les routes et les chemins en limite de village participent fortement à l’identité de cette vallée. Les vaches de race Abondance à la robe rouge foncé, mais aussi les chevaux dans les prés et les mazots, anciens greniers en bois rythment le parcours entre les bourgs.

Qualification

Le Haut-Giffre est réputé et cité dans les guides pour son agréable aspect rural et pittoresque permettant balades à cheval (1) et randonnées, pour son patrimoine bâti, mais aussi, bien sur, pour ses stations de ski et le cirque de Fer-à-Cheval auquel mène la vallée.Les anciens vergers et chalets se mêlent aujourd’hui aux constructions récentes et aux domaines skiables. Les principales stations sont Sommand et Praz de Lys pour le ski de fond et Samoëns et Morillon pour le ski de descente (domaine skiable du Grand Massif) (2). L’été, les randonneurs sillonnent les nombreux chemins balisés, les amateurs de vol libre glissent doucement dans le bleu du ciel (3). Il n’est pas surprenant de les apercevoir ici : le parapente a été mis au point à Mieussy en 1978.Les amateurs d’architecture ne seront pas en reste. L’église de Mieussy et son élégant clocher à bulbe est inscrite (4). A Taninges, la place du marché (5) propose un ensemble architectural à la densité inédite dans les autres vallées. Sa façade aux encadrements de fenêtres sculptés date du XVe(6), une fontaine de calcaire gris aux vasques lobées du XVIIIe (7) on la retrouve aussi à Samoëns, et la chapelle Sainte Anne (8) (inscrite) du XVIe, mais reprise de nombreuse fois depuis. Toujours à Taninges, signalons l’église néoclassique sarde et surtout l’ancienne chartreuse de Melan (9), édifice inscrit datant de 1262, en grande partie détruit en 1967, abritant aujourd’hui un centre d’art contemporain départemental. De nombreux édifices (halles du XVIe, fontaine, église) témoignent aussi à Samoëns de la qualité des tailleurs de pierre de la vallée, les frahans. Appelés entre autres par Vauban ils quittèrent peu à peu la vallée pour construire partout en France de nombreux édifices publics.On terminera par les chalets traditionnels, dont la partie grange faite de bois, à la particularité d’être ornée d’aérations à motifs (10).Enfin, la vallée regorge d’attraits naturels : les gorges de Mieussy, le lac d’Anthon (étrangement à sec lors de notre passage) (11), la montagne du Roy et les crêtes du plateau de Praz-de-Lys, l’Etroit d’Enté qui sont tous des sites inscrits. Mais encore, les cascades du Nant d’Ant, du Rouget (12), et les gorges des Tines (13) qui sont des sites classés.

Transformation

Les transformations sont nombreuses car la vallée ne vit plus de la taille de la pierre et des alpages, mais de la construction bois et du tourisme, ski et randonnée.Autour des villages, mais aussi dans les pentes, les chalets néo-savoyards ou simples pavillons se construisent un peu partout, au gré des opportunités foncières. Souvent lorsqu’un agriculteur vend une partie de ses terres (2), mais aussi parfois dans les hameaux (3). Les scieries (4) et fabricants de chalets (5) sont présents à Le Lay où a Taninges par exemple.Les stations de Samoëns (6), Morillon (7), et Sommand provoquent l’essentiel des changements dans la vallée. Sur la RD308, après deux ans de travaux, un tunnel (8) vient de s’ouvrir pour gagner Sommand. De plus, la route d’accès à cette station a nécessité des protections contre l’érosion (9), les éboulements et les chutes de neiges (9). A Morillon et Samoëns, de nombreux centres de vacances et résidences (10) ont vu le jour en même temps que les remontes pentes.Associés à ce phénomène, on constate un déclin de l’activité d’élevage et un vieillissement des vergers et l’aménagement de plus en plus urbain du territoire. Route à travers champ plantée de lampadaires (11), aménagements de parkings, « embellissement » et terrains de sports (12)…Enfin on notera la présence d’un barrage à Taninges (13), qui a provoqué la création du lac de Flérier, visible essentiellement depuis les versants sud du mont Orchez.

Objectifs de qualité paysagère

Face à ces transformations, la qualité des paysages de la vallée du Giffre tient :- A la maîtrise de l’étalement de l’urbanisation diffuse (1) notamment à Morillon et à Samoëns, afin de maîtriser l’évolution liée au tourisme (2). La mise en place d’un SCOT est également souhaitable.- A la qualité des aménagement des bourgs et d’accueil du tourisme, deux problématiques liées. A Taninges, les aménagements autour de l’église et de l’office du tourisme, basée sur des enrobés de couleurs (3) sont loin d’aller vers la préservation de l’identité de la vallée. L’aménagement du parvis et du parking devant le collège-lycée du même bourg aurait largement gagné à être planté (4).- Au soutien de l’élevage (5), sans cesse repoussé par l’urbanisation et les stations de ski, pour que la pratique de l’alpage soit maintenue.- A la promotion et au soutien des structures paysagères qui marquent l’identité de la vallée comme les vergers (6) car ceux-ci vieillissent ou sont encore très présent seulement à l’écart des villages (7).- A la gestion et l’exploitation de la forêt en expansion pour éviter une reforestation non maitrisée- A noter qu’un contrat de rivière Giffre-Risse est en fin d’élaboration.

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