Grand lac d’Annecy

30 Grand lac d Annecy
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : BLUFFY, TALLOIRES, DUINGT, SAINT-JORIOZ, ANNECY, ANNECY-LE-VIEUX, MENTHON-SAINT-BERNARD, SEVRIER, VEYRIER-DU-LAC, QUINTAL, ALEX
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 6137
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3431 OT

Impression générale

On appelle « Grand lac d’Annecy » la partie du lac comprise entre le front construit de la ville d’Annecy (1) au nord, et la presqu’île du château de Duingt au sud (2). De notoriété internationale, le lac d’Annecy offre un paysage exceptionnel marqué par le plan d’eau le plus pur d’Europe et dominé par des ensembles naturels d’une grande beauté : relief imposant de la Tournette (3), sommets découpés des dents de Lanfon (4), massif boisé de la montagne du Semnoz (5)…L’ensemble de ces versants semble littéralement plonger dans les eaux du lac et forme un véritable amphithéâtre autour du plan d’eau (6).En partant d’Annecy, on accède au grand lac en empruntant la RD 909 rive est, ou la RD 1508 rive ouest. Ces deux routes « du bord du lac » sont très passantes et fortement bâties. Paradoxalement, elles laissent en général peu de possibilités pour accéder au lac (7). La vue et l’accès au lac sont en effet très privatisés (8, 9). Les accès publics sont limités à des petites impasses (10) ou bien aux ports et aux plages aménagées dans les principaux bourgs, Saint-Jorioz ou Menthon-Saint-Bernard (11, 12). Il n’existe pas de réseau continu de promenade le long du lac, à l’exception de l’ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable sur la rive ouest (13).Le promeneur sera déçu s’il pense mieux percevoir le grand lac depuis des points hauts, tels les routes ou chemins en balcon du mont Veyrier, du col de Bluffy ou du Semnoz. Car bien souvent, boisement et haies privées obstruent les vues potentielles. Mais chemin faisant, il prendra conscience de l’urbanisation intense des rives (14) constituée en majeure partie de l’habitat individuel tourné vers le lac (15).

Identification

Par Grand lac d’Annecy, on désigne la partie du lac comprise entre Annecy au nord et le resserrement de Duingt au sud (1). Le Grand lac est encadré par les versants montagneux du Semnoz à l’Ouest (1699m) et le mont Veyrier (1291m) à l’est (2). Cette partie de la cuvette du lac d’Annecy est composée d’une part par des massifs forestiers (hêtres, sapins, épicéas) occupant les pentes escarpés du Mont Veyrier, du roc de Chère et du Semnoz (3) ; et d’autre part par une urbanisation diffuse occupant les rives du lac (4). Quelques rares paysages agraires subsistent encore près du col de Bluffy et dans la plaine de Saint-Jorioz (5). On peut également noter la présence de zones de marais sur la rive Ouest.L’habitat est donc localisé le long des rives. Il s’agit principalement de maisons individuelles orientées vers le lac pour bénéficier de la vue (6). Dense au niveau des centres anciens, le système urbain est diffus partout ailleurs. L’architecture est très disparate. Les bâtiments caractéristiques et patrimoniaux sont présents sous la forme d’anciennes fermes ou de maisons de vignerons, de grandes propriétés et d’anciennes maisons de villégiatures, de gros hôtels début du siècle (7)…mais les chalets récents et les pavillons banals typiques des lotissements n’en sont pas moins présents.De Veyrier à Menthon-Saint-Bernard, la rive est, la plus ensoleillée, a vu se développer sur d’anciens domaines, des résidences de haut standing souvent entourées de parcs et jardins arborés (8) (hôtel-restaurant de Marc Veyrat (9), le site inscrit de la fondation Mérieux aux Pensières…). Observée depuis la rive opposée, l’ambiance y est très boisée. Il faut dire que la topographie est moins favorable au développement de l’urbanisation sur cette rive que sur la rive opposée, et certains secteurs comme le roc de Chère sont classés en réserve naturelle et bénéficient donc d’une protection administrative (10).De Sevrier à Duingt, la rive ouest, moins étroite, plus dégagée, est, elle aussi, fortement urbanisée (11). Des espaces non bâtis sont cependant encore visibles notamment au pied du Semnoz et sur la commune de Saint-Jorioz à proximité du lit du Laudon (12). La RD 1508 est l’un des axes routiers les plus fréquentés de Haute-Savoie. Il a de ce fait généré une urbanisation commerciale linéaire considérable (13). Ces zones d’activités ne sont pas toujours en symbiose avec l’image prestigieuse du lac. Elles contrastent fortement

Qualification

Le grand lac d’Annecy offre aujourd’hui un paysage assez éloigné de l’image prestigieuse véhiculée par les guides touristiques internationaux. Certes le lac reste dominé par des ensembles naturels exceptionnels : lac, montagnes, masses boisées (1)…mais cette majesté des paysages d’arrière plan ne peut pas faire oublier le développement très rapide de l’urbanisation en bord de lac, bien que le plan d’eau et ses rives soient inscrites (2).Aujourd’hui, le réel paysage du grand lac est un paysage en mutation, où le lac est le plus souvent inaccessible et reste surtout présent dans l’imaginaire collectif. Les habitants y cherchent un cadre de vie idéal, une ville à la campagne. Les rives du lac ont évolué vers des formes d’urbanisation diffuse (3). Les communes de Saint-Jorioz et de Sevrier font pourtant parties du Parc Naturel Régional du Massif des Bauges.Les attraits touristiques restent cependant très importants. D’un point de vue culturel, le patrimoine bâti attire de nombreux visiteurs autour notamment du château de Menthon (site inscrit) (4), des châteaux de Ruphy (5), et de d’Héré (6) à Duingt, et des vieux centres bourgs à Menthon-Saint-Bernard (7), Veyrier-du-lac ou Duingt (site inscrit) (8). D’un point de vue espaces naturels, le Roc de Chère, classé réserve naturelle, le mont Veyrier, et le mont Semnoz sont les poumons verts de l’agglomération annecienne. Ils sont le départ de nombreux chemins de randonnées (9) et notamment du GR 96 du tour du lac, de pistes d’escalade, et également de pistes de ski sur le Semnoz. La piste cyclable sur l’ancienne voie ferrée de la rive ouest est également très empruntée par les anneciens (vélo, course à pieds, rollers…) (10). Sans oublier le lac lui-même, qui offre de nombreux loisirs aquatiques (11).Il est à noter qu’une demande de classement au Patrimoine mondial de l’Unesco de l’ensemble du bassin versant est à l’étude. La motivation de ce classement dans la catégorie « paysage culturel » se ferait au titre de l’eau.

Transformation

Le grand lac d’Annecy a fait l’objet d’un spectaculaire développement de l’urbanisation, partout où cela a été possible dans les parties planes du bassin et sur les berges (1). Cette urbanisation a refermé les vues sur le lac (2) et privatisé l’accès aux berges (3, 4). Actuellement elle se poursuit encore, plus en hauteur. Le pied du Semnoz (5) et ce qu’il reste d’espace au pied du mont Veyrier (6) est ainsi progressivement colonisé.Quelques villages ont cependant su conserver leur caractère, mais les aménagements récents renforcent toutefois la présence de la route : ronds-points, ralentisseurs, éclairages (7)…Sur la rive Ouest, dans la plaine de Saint-Jorioz, et sur la rive Est, au niveau du col de Bluffy, des reliques d’espaces ruraux sont encore visibles, mais ils sont de plus en plus menacés par la pression urbaine (8). Petit à petit les prairies et coupures dans l’urbanisation disparaissent, les trames agricoles sont modifiées, mitées par le bâti.Plus ponctuelles, les transformations liées à la saison touristiques sont aussi importantes : complexe de camping et leurs abords récréatifs et sportifs, lac envahi par les voiliers, les navettes et le ski nautique, augmentation du trafic routier (9)…Un projet de tunnel sous la montagne du Semnoz reliant Annecy à Sévrier est à l’étude afin de résoudre les problèmes d’engorgement routier liés aux trajets pendulaires. Il est très probable que cela n’aboutisse qu’à un déplacement du problème de quelques kilomètres, ou à son augmentation, car deux routes génèrent plus de trafic qu’une seule…

Objectifs de qualité paysagère

Face à l’urbanisation croissante que connaît le grand lac d’Annecy, l’enjeu principal est de réussir à créer un réseau continu d’espaces naturels permettant la préservation des vues sur les grands paysages (lac d’Annecy, monts), mais aussi les continuités de déplacements aussi bien pour la faune, la flore que pour l’homme. Ces continuités naturelles et paysagères concernent d’une part l’ensemble des rives du lac, et d’autre part les liaisons entre la montagne et le lac.Un objectif important est donc de ré-ouvrir les rives du lac au public et de préserver des vues sur le paysage exceptionnel de ce site (1). Dans l’idéal, il serait souhaitable de créer un réseau continu de promenade le long du lac, en connexion avec l’ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable. La continuité et la simplicité de l’aménagement des berges à Annecy et Annecy-le-Vieux, utilisant un vocabulaire local (platanes et tilleuls taillés en tête de chat, terrasse, bancs orientés vers le lac) sont à ce titre exemplaires (2, 3). D’autres espaces, très simplement aménagés proposent vues et accès au lac. Trop rares, ils devraient se multiplier (4). Cette continuité de parcours doit se doubler d’une continuité pour la faune et la flore. La réserve naturelle du roc de Chère est un des points forts de ce futur réseau. On évoquera également l’achat par le Conservatoire du littoral d’une propriété donnant sur le lac entre Sevrier et Saint-Jorioz. Encore sous-utilisé, elle peut devenir un autre point fort. Bien que le plan d’eau et ses rives soient inscrits depuis une soixantaine d’années, l’urbanisation compromet de plus en plus cette continuité. Au vu de l’urgence de la situation, ne pourrait-on pas envisager un basculement en site classé de l’ensemble des terrains non bâtis de la zone inscrite ?Le deuxième objectif important est d’organiser en mettant en réseau les éléments forts des anciennes structures paysagères rurales (trames du parcellaires agricoles) ou naturelles (forêts, vallon du Laudon, zones de marais…) encore non bâtis afin de saisir la dernière chance qu’il reste de pouvoir préserver des liaisons naturelles et des vues entre la montagne et le lac d’Annecy. Sur la rive ouest, plusieurs exemples de zones protégées (zone inscrite du château de d’Héré et ses abords (5, 6) à Duingt jusqu’aux premières constructions de Saint-Jorioz, abords du ruisseau l’Aloua entre Sevrier et Saint-Jorioz, berges du Laudon à Saint-Jorioz, ) contrastent fortement avec l’étalement urbain environnant et témoignent de l’importance et de la qualité de ces espaces qui permettent d’avoir les dernières vues dégagées sur les massifs environnants et le lac (7) ainsi que les dernières possibilités de corridors écologiques. Sur la rive est, on recensera notamment les terrains non bâtis entre Talloires et Menthon-Saint-Bernard. La conservation de ces dernières zones non bâties en rives de lac est une opportunité qui ne pourra plus se reproduire.Les principaux axes routiers RD 1508 et RD 909 doivent également faire l’objet d’une attention particulière. Leurs aménagements et abords, trop routiers (ralentisseurs, mats d’éclairages, rond-point…) (8, 9), mériteraient d’être requalifiés afin d’en faire des routes partagées, notamment sur des tronçons d’entrées de ville ou de zones commerciales à Sevrier. On veillera lors de leur réaménagement à ce que ces axes ne soient pas élargis, au contraire, et à ce qu’ils s’appuient et développent les anciennes structures comme par exemple les vestiges d’alignements et les murs et murets qui bordent la route.

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