Gorges de la Dranse
Département : Haute-SavoieCommunes : FETERNES, LA FORCLAZ, REYVROZ, LA VERNAZ, VINZIER, LYAUD, ARMOY, THONON-LES-BAINS, MARIN, CHEVENOZFamille de paysages : Paysages naturelsSurface (Ha) : 1029Carte(s) IGN :
Impression générale
Les gorges de la Dranse sont très étroites (1kilomètre de large), encaissées, bordées de parois rocheuses et de versants boisés. On ressent immédiatement une impression de verticalité lorsqu’on y pénètre par la route départementale 902 au niveau de Thonon-les-Bains. Le champ de vision est alors extrêmement limité, arrêté de chaque côté par les falaises creusées par le torrent de la Dranse.La route est très passante, les voitures y roulent vite. Surplombé par ces grandes masses rocheuses, on s’y sent un peu en danger : filets anti-chute de pierres, encorbellement, ponts, tunnels sont autant d’éléments qui marquent la difficulté que l’homme a eu à se frayer un passage. L’eau du torrent aux teintes blanc-vert est bruyante, elle coule vite mais ne fait pas peur aux amateurs de rafting que l’on aperçoit même par temps de pluie. Entouré d’une forêt de sapins et de hêtres au magnifique feuillage pourpre, on avance entre les cheminées de fée, ces longues colonnes naturellement formées et surplombées d’une pierre, qui sont le résultat d’une érosion différentielle entre deux matériaux. L’impression d’une nature sauvage qui participe d’un paysage romantique et pittoresque nous accompagne tout au long de cette traversée.
Identification
A la confluence des Dranses de Morzine et d’Abondance, et du cours du Brevon, la vallée de la Dranse présente une morphologie de gorges. Celles-ci s’étendent entre Bioge et Thonon-les-Bains sur 10 kilomètres. Profondes de 300 mètres, elles marquent une coupure nette entre la plaine du bas Chablais et le pays de Gavot. Il est impossible de les franchir autrement qu’en faisant un important détour.Au fond des gorges, longeant le torrent, la route départementale 902 est très empruntée. Elle relie Thonon-les-Bains à Saint-Jean d’Aulps, Morzine, Avoriaz et Abondance. C’est depuis cette route que l’on perçoit le mieux le torrent, les impressionnantes falaises taillées dans des conglomérats de cailloux roulés et de calcaire se colorant de teintes grisâtres, les versants boisés, les grottes, et les cheminées de fées. De chaque côté des gorges de petites routes sinueuses grimpent sur les crêtes (D26, D21), mais montant en lacets sur les versants boisés, elles offrent peu de vues dégagées.A noter la quasi absence d’habitat.
Qualification
Les gorges de la Dranse sont profondes et peu habitées. En ce sens, on peut les qualifier de paysage naturel.Mais ce terme reste discutable, car les gorges sont tout de même très aménagées. Leurs routes sont attentivement surveillées et entretenues pour éviter tous risques à l’automobiliste. Les gorges sont également exploitées d’une part sous la forme de carrières à Pombourg, et d’autre part, sous la forme d’une usine EDF à Bioge. Les gorges de la Dranse présentent une grande diversité de flore et de faune sauvages, mais elles ne sont pas un lieu très touristique. Elles sont principalement fréquentées pour les sports d’eau vive (rafting et canoë-kayak) et pour la randonnée (GR5 menant à la montagne des sœurs).
Transformation
Le paysage des gorges de la Dranse est essentiellement soumis à des transformations naturelles et notamment au processus d’érosion. Ce processus d’érosion peut avoir des conséquences importantes suivant les risques et les problèmes de sécurité qu’il entraîne. Falaises sécurisées, maçonnées ou recouvertes de filets anti-chutes, percées de deux tunnels…tous ces aménagements sont autant de transformations du paysage qui sont liées à l’érosion. A titre d’exemple, les cheminées de fées, qui constituent des éléments singuliers du paysage des gorges, risquent d’être détruites si elles représentent un danger trop important pour l’automobiliste. Sur un tout autre plan, les carrières de Pombourg participent également à la transformation du paysage des gorges : situées dans la perspective de la vallée, en creux dans une zone de confluence, elles sont très visibles depuis la route, et leur impact visuel est fort.
Objectifs de qualité paysagère
Face à ces transformations liées principalement à l’érosion, se posent plusieurs questions : Jusqu’où peuvent aller les transformations des gorges liées à des questions de mises en sécurité ? Y a-t- il des risques d’élargissement de la route départementale ?Mais se posent aussi des questions sur l’exploitation des gorges de la Dranse : que deviendront les carrières de Pombourg à leur fermeture ? Dans quel esprit les renaturer ? en recomposant une falaise ?Aujourd’hui, le cours d’eau de la Dranse est classé par la convention internationale de RAMSAR (cadre à l’action nationale et internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelles des zones humides et de leurs ressources). Ce classement participe à la reconnaissance de la qualité du lieu, mais il n’agit pas directement sur la protection du paysage. Enfin, pour que ce milieu naturel puisse être apprécié à sa juste valeur, un autre aspect à ne pas négliger est l’entretien des points de vue remarquables parfois menacés de fermeture.
