Gorges de la Bourne et rebords du Vercors sur la plaine du bas-Grésivaudan

Département  : Isère
 
Communes  : CHORANCHE, SAINT-GERVAIS, AUTRANS, COGNIN-LES-GORGES, LA RIVIERE, ROVON, SAINT-QUENTIN-SUR-ISERE, MONTAUD, VEUREY-VOROIZE, PONT-EN-ROYANS, PRESLES, SAINT-ANDRE-EN-ROYANS, VILLARD-DE-LANS, IZERON, MALLEVAL, MEAUDRE, RENCUREL, SAINT-PIERRE-DE-CHERENNES, SAINT-LAURENT-EN-ROYANS, SAINT-MARTIN-EN-VERCORS, ECHEVIS, LA CHAPELLE-EN-VERCORS, SAINT-JULIEN-EN-VERCORS, SAINTE-EULALIE-EN-ROYANS, CHATELUS
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 18796
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Les Gorges de la Bourne et rebords du Vercors sur la plaine du bas-Grésivaudan laissent de fortes impressions. Des parois verticales aux dimensions monumentales, des visions saisissantes au détour d’un chemin ou en bordure du plateau, une ambiance un peu mystique au cœur de la forêt. Les points de vue changent constamment de perspective : très fermé dans les gorges et dans la forêt, très ouvert dès qu’une trouée se fait sur le plateau et laisse entrevoir un panorama exceptionnel. Sauvage et authentique, la Bourne présentent des atmosphères de fonds de gorges, gelées l’hiver, fraîches l’été, et contrastant avec les parois grises et sèches des calcaires. L’érosion est sans cesse à l’œuvre laissant craindre des chutes de blocs sur la route des gorges. Dominée par la minéralité et les motifs géologiques, falaises et barres rocheuses de calcaire, pierres sur le plateau qui jonchent le sol de la forêt des Coulmes et le rendent accidenté. D’un accès difficile par le passé, ce rebord du Vercors comporte des vestiges d’une présence humaine. Il y a un fort contraste dans ce paysage binaire, qui offre deux plans opposés : falaises verticales et plateau horizontal. Une verticalité qui comporte aussi en son sein des cavités souterraines ; si les hauteurs sont très sèches en raison de l’infiltration de l’eau dans le calcaire, les grottes offrent des entrées aux réseaux souterrains humides. Les grottes de Choranche en offre un aperçu aux visiteurs…

Identification

Les limites de l’unité paysagère sont tracées par la géologie : la vallée du bas Grésivaudan à l’ouest, la barre rocheuse du Vercors à l’est avec, à ses pieds, l’étroite vallée de Rencurel. Un immense plateau abrite la forêt domaniale des Coulmes (située entre 800 et 1475 m d’altitude). La vision sur la vallée de l’Isère diffère ainsi totalement de celle vers le cœur du Vercors. La lisibilité est également très forte par les lignes du paysage qui opposent horizontales et verticales.Les Gorges de la Bourne constituent une des portes d’entrée du Vercors depuis la vallée du Rhône. L’accès privilégié se réalise par les routes de gorges, au fond desquelles coule un torrent tumultueux et parfois capricieux. Construites au 19e siècle (la route des gorges de la Bourne date de 1872, elle est aujourd’hui classée 3*** au guide Michelin), ces routes ont réellement rendu le Vercors accessible et désenclavé le plateau des Coulmes. Ces routes forment des points d’entrée stratégiques vers les hauts plateaux du massif du Vercors et ont également un caractère patrimonial intrinsèque : tunnels taillés dans la roche, ponts de pierre, encorbellements en calcaire urgonien. Cette charpente naturelle offre, si on a le loisir de s’arrêter, des vues plongeantes vertigineuses.Une fois sur le plateau, c’est la forêt qui domine mais elle se révèle dominante aujourd’hui alors qu’elle était quasi-absente 100 ans plus tôt, lorsque étaient en activité les charbonnières. C’est la raison pour laquelle on dit qu’elle colonise les espaces, grignotant les prés (quelques arbres ça et là qui seront demain massivement présents). Les sous-bois sont accidentés par le sol rocheux, regorgent de gros cailloux calcaires moussus. Une atmosphère rude et sèche, le calcaire s’infiltrant par la roche et créant des dolines (dépressions de terrain). Au cœur de la forêt, la vision est néanmoins confinée aux alentours proches, et il faut attendre des trouées visuelles pour découvrir l’immensité du paysage. En rebord de plateaux, des belvédères permettent de saisir la majesté du lieu.

Qualification

D’accès difficile, ce rebord du Vercors est peu habité. Mais sa fréquentation touristique augmente. Un public croissant est attiré par les parois de Presles (300 voies équipées), les grottes de Choranche (découvertes en 1875), les jolis hameaux comme Malleval, les impressionnantes routes de gorges. Les pratiques de loisirs et sportives se développent, ski alpin dans la petite station de Romeyère, canyoning dans les Ecouges, randonnées pédestres et équestres, ski de fond sur le plateau. Les nombreux attraits naturels se combinent à un parfum d’authenticité. Cependant, c’est précisément un élément naturel qui tend à rompre l’équilibre des lieux : la forêt. Elle prend nettement le dessus sur les prairies, enferme les visions de paysage et limite la diversité des ambiances naturelles.

Transformation

Malgré la puissance des lieux qui ont tendance à laisser une impression de paysage immuable, la régression des activités agropastorales est visible. Au détour d’un chemin, des ruines de maisons en pierre, des puits couverts (pour limiter l’évaporation et conserver l’eau), des contreforts en remblais. Emouvants témoins d’une vie plus dense sur ce plateau, sans doute désertifié en raison de la rudesse des conditions de vie. Aujourd’hui, des initiatives sont lancées pour réhabiliter ces vestiges patrimoniaux, tel le Schéma Départemental des Espaces Naturels Sensibles.Par contre, les activités liées au tourisme deviennent dominantes. Elles sont très lisibles (balisage des chemins, aménagements de ski alpin, entretien de pistes de ski de fond, gîtes ruraux, ferme pédagogique des Ecouges…) La valeur touristique prend le pas sur la valeur d’usage. L’exploitation du boisement est bien présente et supplante largement l’activité agropastorale, elle se combine, par les actions de l’Onf, à la promotion des activités de nature.

Objectifs de qualité paysagère

Les traces de modernité sont finalement rares dans ces paysages notamment dans les Coulmes, rendant le lieu singulièrement préservé, ceci pourrait être considérer comme un atout plutôt qu’un « retard ». Il y a ici comme partout une tension entre l’usage et le patrimonial. Témoin, les aménagements de sécurité sur les routes de gorges (béton projeté, filets métalliques). Il convient d’y prêter une attention particulière, notamment de restaurer les murets de soutènement qui allie sécurité routière et patrimoine.Le classement de sites est un autre objectif de qualité paysagère (gorges du nant, montagne de Presles, grotte de Choranche,…). L’enjeu majeur consiste à maintenir une agriculture locale de qualité. Ce lieu austère avait trouvé une manière d’être habité et exploité, l’homme s’adaptant aux contraintes et participant à maintenir l’équilibre naturel du lieu. La présence d’activités agropastorales est donc essentielle. Or la déprise agricole et l’importance prise par les bois et les forêts rompent l’équilibre. La sauvegarde de l’image paysagère apparaît donc liée à un projet agricole fort. Corrélativement, cela permet de sauvegarder l’habitat traditionnel, à la valeur patrimoniale importante.

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