Cuvette du Trièves

63 Cuvette du Trieves
Département  : Isère
 
Communes  : PELLAFOL, SAINT-PAUL-LES-MONESTIER, GLANDAGE, LUS-LA-CROIX-HAUTE, LALLEY, SAINT-JEAN-D’HERANS, SAINT-SEBASTIEN, PREBOIS, MENS, SAINT-BAUDILLE-ET-PIPET, CLELLES, CORNILLON-EN-TRIEVES, GRESSE-EN-VERCORS, LAVARS, MONESTIER-DE-CLERMONT, ROISSARD, SAINT-MARTIN-DE-CLELLES, SAINT-MICHEL-LES-PORTES, TREFFORT, TRESCHENU-CREYERS, CHICHILIANNE, LE MONESTIER-DU-PERCY, PERCY, SAINT-MAURICE-EN-TRIEVES, TREMINIS, CORDEAC
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 33586
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3237 OT, 3337 OT, 3336 OT

Impression générale

Les paysages du Trièves offrent un contraste saisissant entre la tranquillité de leur cadre champêtre et la grandeur des panoramas de montagne qui forment l’arrière plan.Le Trièves est un territoire doté d’une forte identité. A cela plusieurs raisons, qui peuvent aussi expliquer que sa renommée dépasse le cadre local. Il bénéficie d’une géographie très particulière de bassin dont les frontières sont très délimitées : les gorges du Drac au nord, les contreforts du Vercors à l’ouest, le massif de l’Obiou à l’est, le col de la Croix Haute au sud. Ainsi, tous les points de vue comportent un arrière-plan de paysage remarquable, formant un cadre naturel à des images champêtres ; carrelage brun et vert des prés et des champs, habitat regroupé autour d’un fier clocher. Situé à l’extrémité sud du Sillon Alpin, le Trièves est également marqué par un climat d’influence méditerranéenne, c’est là une autre de ses particularités. Cette cuvette naturelle dégage une ambiance générale de bien-être paisible d’un paysage entretenu et soigné. Un patrimoine dont ses habitants connaissent la valeur, et qu’ils ont à cœur non seulement de préserver mais de pérenniser dans une logique liée au développement durable.

Identification

Le plus grand cirque naturel du département, limité à l’est par les crêtes du Dévoluy et à l’ouest par les falaises du Vercors, présente une topographie interne faite de vallons et de mamelons. Le Trièves est drainé par l’Ebron et ses affluents qui ont profondément entaillé ces roches tendres.Une belle campagne, où la présence humaine s’intègre dans un bassin d’effondrement aux limites naturelles claires ; des gorges, des massifs montagneux, des cols. Ce territoire enclavé, très ordonnancé, abrite des micros-unités formées de monts et de vallons, avec une bonne densité de villages et de hameaux, ainsi que des terres cultivées et des vergers sur les espaces exploitables. Une répétition de motifs paysagers qui forme un ensemble tenu, avec une logique d’exploitation de la terre à la fois mesurée et optimisée. Les labours alternent avec les prés, les vergers avec les noyers solitaires. La végétation témoigne de la position méridionale du territoire ; l’épicea et le charme sont remplacés par le chêne rouvre et l’érable champêtre ; des pentes dénudées couvertes de buis, genévriers ; des pins sylvestres dans les bois. Le Trièves est un territoire habité, où le bâti traditionnel est présent et valorisé ; maisons hautes aux toitures à deux pentes, avec les tuiles en écaille caractéristiques de ce pays. Plusieurs villages pittoresques, comme Saint-Michel-les-Portes ; étroitement regroupé autour de son clocher, sur son petit plateau cultivé, il présente une belle architecture devant un horizon où se dresse le Mont-Aiguille. Mens est également un exemple d’un patrimoine architectural à forte typicité, avec ses enchevêtrements de petites ruelles ombreuses et d’un environnement boisé en fond de vallon. Le cirque de Tréminis, où l’Ebron prend sa source, apparaît comme un petit cirque dans le grand ; il forme un compartiment fermé, boisé, où les terres cultivables se réduisent à quelques parcelles en fond de vallée.De nombreux villages jalonnent aussi le cours de la RN 75, qui traverse l’ouest du pays en balcon sur les paysages environnants et forme un motif à elle seule. La voie ferrée a un tracé parallèle, pour la ligne Grenoble-Sisteron qui reste très fréquentée.

Qualification

Au carrefour des influences alpine et méridionale, ce territoire de montagne encore préservé a réussi à conserver une agriculture et une dynamique locales dynamiques, qui s’allient à des paysages et un patrimoine naturel remarquables. La lisibilité de cette campagne et son ordonnancement très net lui confèrent une singularité certaine, et par là une valeur paysagère « modèle ». Cette réussite est à placer au crédit de ses habitants qui ont, semble t-il, toujours entretenus des liens étroits et respectueux avec leur environnement. En témoignent le placement, les matières et les formes de leur habitat. De même, la RN 75, qui sillonne ce territoire du nord au sud, en débord du cirque, respecte les grands traits de cette cuvette naturelle, tout comme le tracé de la voie de chemin de fer, en tunnels ou en viaducs. Des réseaux qui témoignent aussi de la vitalité de ce territoire pourtant assez éloigné des grandes agglomérations. Il a cependant toujours été un territoire de passage orienté nord-sud, l’axe de la transhumance séculaire. La richesse locale s’appuie encore essentiellement sur l’agriculture ; le Trièves fut en son temps, tout à la fois grenier à blé et parc à moutons des pays limitrophes. Il en a gardé une agriculture qui, avec l’arrivée des vaches laitières et la mécanisation, constitue la base de son économie.

Transformation

Le Trièves est un territoire rural aujourd’hui reconnu dans les Alpes comme un des mieux préservés en matière d’environnement et de paysages. Les deux tiers sont recouverts de terres agricoles ou de forêts et 15% de l’agriculture est biologique. Les agriculteurs développent des cultures de qualité et se regroupent pour valoriser des productions locales (l’association Valcetri (Valorisation des Céréales du Trièves), le Biau Panier proposé par des producteurs bio, etc). L’exode rural des années 1970 a pu être limité par l’attractivité de ce territoire due à la proximité de l’agglomération grenobloise. Elle engendre toutefois des mutations économiques et urbaines qui se traduisent par une forte pression foncière, une progression de la demande d’emplois et des besoins en matière de services. En 2001, les élus du territoire ont travaillé sur un schéma directeur permettant de limiter l’urbanisation en protégeant, de manière réglementaire, les zones agricoles stratégiques et les espaces naturels. Ils ont également conçu l’Agenda 21, un document dans lequel sont définis une politique de développement durable spécifique au Trièves et les moyens pour y parvenir. Reste que l’attractivité de ce pays sera nettement renforcé avec l’installation du prolongement de l’autoroute A51 sur le Trièves. Elle changera la donne, avec un tracé qui ne pourra reprendre les traits du territoire comme l’ont fait la RN75 et le chemin de fer. A défaut d’intégration, il serait souhaitable que sa conception comprenne une dimension de mise en valeur dans le paysage

Objectifs de qualité paysagère

Maîtrise de la qualité architecturale, appui à la diversification agricole et à la valorisation des produits, Agenda 21, charte paysagère en cours de réalisation, les initiatives prises montrent que les Trievois prennent leur destin en main. Mieux : ils intègrent dans leurs réflexions une dimension liée au développement durable, tout en adaptant les projets aux traits de leur territoire. L’enjeu suprême serait de tracer un avenir entre ville et campagne, de montrer que l’on peut vivre de la campagne à la campagne.Eviter de devenir un « territoire dortoir », selon leurs propres termes, nécessite en effet de garder à l’agriculture l’espace nécessaire et de valoriser des productions locales de qualité. D’ailleurs, celles-ci permettent aussi de valoriser le patrimoine auprès des populations touristiques. Le tourisme est en effet un axe de développement intéressant pour ce territoire, notamment un tourisme doux. Un Centre de Terre Vivante a ouvert ses portes à Mens pour faire découvrir au grand public des expériences de l’écologie pratique dans les domaines du jardinage biologique, de l’habitat écologique, de l’énergie, de l’alimentation-santé. Une autre carte à jouer, non des moindres, porte sur la place de ce territoire comme pont /passerelle entre les massifs du Vercors et des Ecrins et leurs Parcs Naturels respectifs. Une ambition qui dépendra aussi des infrastructures routières et notamment la future A51.

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