Cluse de Voreppe

13 Cluse de Voreppe
Département  : Isère
 
Communes  : SASSENAGE, VOREPPE, FONTANIL-CORNILLON, MONT-SAINT-MARTIN, PROVEYSIEUX, AUTRANS, SAINT-QUENTIN-SUR-ISERE, ENGINS, MONTAUD, NOYAREY, VEUREY-VOROIZE, SAINT-EGREVE
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 5391
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La cluse de Voreppe est enserrée entre Chartreuse et Vercors qui se font face en d’imposantes falaises calcaires, formant un passage au creux duquel coule l’Isère. Imposante, elle se repère de loin à plus de 20 kilomètres sur l’autoroute par beau temps et frappe généralement les mémoires. Ainsi, elle symbolise la porte d’entrée des Alpes. Pourtant, lorsqu’on s’en approche, l’image est tout autre, passant de l’exceptionnalité à la banalité. A ce titre, la cluse de Voreppe s’identifie à de nombreuses entrées de ville autoroutière et commerciale : une vaste zone très urbanisée segmentée par les axes de circulation. Seule voie de passage nord vers l’agglomération Grenoble, elle ne désemplit pas, la circulation grouille à toute heure et s’encombre aux heures de pointe. Les réseaux routiers s’entremêlent, les zones industrielles, artisanales, ou commerciales se succèdent, faisant oublier le majestueux panorama alentour. Le contraste entre les motifs naturels et artificiels est ici à son apogée. De la plaine alluviale et de ses prés humides, reste quelques ruines taguées au milieu des cultures de mais et blés, quelques fermes et des vergers relictuels de noyers.

Identification

Cette cluse - coupure étroite et encaissée creusée perpendiculairement à une chaîne de montagne - a été formée par un glacier qui a donné sa forme en U à la vallée qui relie Voreppe à Grenoble et que suit l’Isère. La topographie naturelle est donc très marquée, entre la plaine de l’Isère (environ 200 mètres) où le lit du fleuve a été aménagé et les contreforts des massifs montagneux (Vercors à l’ouest, Chartreuse à l’est) avec des a-pics à plus de 1000 mètres. La structure massive de la cluse, qui reste la première lisible depuis l’autoroute avec une vision cinétique du paysage, assure la cohérence d’ensemble. Mais au sein de l’unité paysagère, deux logiques s’affrontent : l’une naturelle, géologique et l’autre de fonctionnelle, d’urbanisation, d’équipements routiers. Les éléments constitutifs de la cluse de Voreppe sont très contrastés : plaine, à-pics montagneux, aux versants rocheux ou boisés, polyculture, autoroute et réseaux routiers, infrastructures industrielles, zones d’activités commerciales, habitat résidentiel. L’espace naturel est colonisé par la modernité et tous ses signes. La cohérence entre les motifs n’est pas du tout lisible et crée la confusion. La porte d’entrée vers les Alpes, monumentale, est en réalité incohérente du point de vue paysager.

Qualification

Par sa proximité avec les massifs montagneux du Vercors et de la Chartreuse, la cluse de Voreppe est bordée de paysages remarquables. Mais les valeurs patrimoniales propres à cette unité paysagère ne sont pas très nombreuses. Elle compte tout de même 2 sites classés : le parc et château de Voreppe (ensemble architectural sur 6 hectares protégé en 1957) et le Rocher du Fontanil (protégé dès 1911). Des initiatives à encourager comme la création d’une zone cyclable reliant Grenoble à Saint-Quentin-sur-Isère. Quelques zones sont préservées, notamment sur les pentes, qui donnent un aperçu de l’ambiance naturelle des hauteurs, un goût de nature. Mais il y a peu d’espaces de respiration et l’habitat résidentiel grignote du terrain, prisé par les Grenoblois. La valeur économique est dominante, incarnée par les activités économiques et commerciales, qui se juxtaposent et étouffent l’espace.

Transformation

Concentration et densification caractérisent les formes d’évolutions de la cluse de Voreppe qui n’en finit plus de muter. La pression urbaine repousse les limites de l’habitat, l’attractivité de la ville engorge les réseaux routiers. Cette unité paysagère présente donc une juxtaposition de fonctionnalités dans un espace restreint qui n’en finit pas de se densifier. Jusqu’où ? Le développement parcelle par parcelle sans vision globale donne en plus une impression de désordre. Le tout avec une désertion de l’agriculture, un facteur inquiétant. La porte naturelle des Alpes et porte d’entrée de Grenoble apparaît comme un paysage sacrifié, évolution d’autant plus regrettable qu’elle constitue le cadre de vie quotidien de nombreux isérois, et de tant de touristes !

Objectifs de qualité paysagère

Dans ce paysage où la fonctionnalité a primé, il est essentiel et urgent de maîtriser le développement et, surtout, de chercher à donner une cohérence à l’ensemble. L’objectif est d’enrayer un développement quelque peu anarchique, qui fournit l’exemple type d’un paysage « non voulu ». Cela devrait passer tant par des micro-mesures (réglementer la publicité à l’entrée des 2 PNR Vercors et Chartreuse, mais aussi le long des routes, limiter les points d’accroche visuels…) que par une politique globale de charte paysagère. Ici, il s’agirait d’un objectif de requalification de ces paysages.La porte naturelle des Alpes et point d’entrée de Grenoble devrait retrouver sa vocation. Comme entrée de la ville, elle devrait comprendre une transition entre l’espace agricole de la campagne et la grande ville. Comme porte du massif alpin, elle devrait assurer la continuité naturelle et rurale entre les deux massifs montagneux. Cela concerne le bâti, les équipements routiers, les structures économiques, l’emprise agricole, la valorisation du patrimoine. Vaste programme.Le schéma directeur de la région grenobloise, s’il avait pointé du doigt ce secteur à enjeu, n’a pas réussi à endiguer des modifications paysagères néfastes comme les centres commerciaux de Roche Colombe en plein axe visuel vers Grenoble. Le Schéma de cohérence territoriale de l’agglomération grenobloise en cours de réalisation, dont l’agence d’urbanisme à la charge opérationnelle, pourrait utilement tirer des enseignements de ce contrexemple afin d’inscrire dans le Document Orientation Générale la préservation de paysages de valeur collective dans lesquels les citoyens se reconnaissent.

Partager la page

Sur le même sujet