Cluse de Nantua

06 Cluse de Nantua
Département  : Ain
 
Communes  : CHARIX, MONTANGES, PLAGNE, LE POIZAT, SAINT-GERMAIN-DE-JOUX, LALLEYRIAT, MONTREAL-LA-CLUSE, NANTUA, LES NEYROLLES, PORT, SAINT-MARTIN-DU-FRENE, CHATILLON-EN-MICHAILLE
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 3809
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Aujourd’hui connue pour son « Autoroute des Titans » et son emblématique viaduc, la cluse de Nantua n’est pourtant pas dénuée d’intérêts naturels et historiques :- le lac de Sylans, encaissé dans des falaises aux boisements touffus, préservé et si énigmatique qu’il a fait naître de nombreuses légendes sur sa profondeur « abyssale » ;- les sources de la Doye, exploitées pour une eau de source bien connue ; - le sud de la vallée de la Sémine, en cours de classement au titre des Sites et Monuments Naturels pour son paysage typique des vallées du massif jurassien du Haut-Bugey et pour la présence d’un site géologique exceptionnel : un récif corallien fossile ;- les ruines des glacières de Sylans, d’où les Parisiens acheminaient la fraîcheur réfrigérante jusqu’au XIX° siècle, en cours de réhabilitation, avec un projet de musée, et bien d’autres témoins d’un riche passé industriel…Ces richesses sont insoupçonnées pour le conducteur qui passe sur les viaducs de l’A40 ou dans ses tunnels ou le voyageur du futur TGV Paris-Genève. Elles méritent le détour et une valorisation affichée.

Identification

Située entre le Lac de Nantua - qu’elle englobe - et Châtillon en Michaille, où débute l’agglomération de Bellegarde sur Valserine - qu’elle exclue - l’unité paysagère de la cluse de Nantua constitue une vallée encaissée dont les altitudes peuvent passer de 600 à 1000 mètres.Marquée par les infrastructures de transport, elle voit passer le bien nommé « Autoroute des titants » (A40 Lyon-Genève), mais aussi ses grands ouvrages (viaducs, tunnels), la ligne TGV (Paris-Genève) en cours d’aménagement, des lignes électriques à très haute tension venues du barrage de Génissiat, la RD1084, au bord de lacs naturels majeurs (Nantua, Sylans).Les deux lacs sont bordés de falaises où la forêt constitue un rempart contre les éboulis, hélas clairsemée par le passage des infrastructures de transport. Celles-ci ont installé, lors de leur aménagement, des filets protégeant leur passage.La ville de Nantua, à l’Est du lac du même nom, est encaissée entre des falaises abruptes, et située dans une « zone rouge » en termes de risques d’éboulement. Les maisons mitoyennes, à trois niveaux, bordent des rues plutôt larges, proportionnées à la hauteur des bâtiments. Le reste de l’habitat est groupé en petits bourgs denses situés à l’écart des cours d’eau du fond de vallée (le Combet, la Sémine puis la Valserine). Vue d’en haut comme d’en bas, l’autoroute marque le paysage, à l’instar du viaduc de Nantua, dont la ville s’est approprié l’image. Mais il est assez bien intégré dans le paysage, construit dans la même teinte que les falaises, et aujourd’hui souvent caché par la végétation qui a repris le dessus depuis son inauguration en 1986. À tel point que seul le bruit témoigne de sa présence, par endroits.

Qualification

Les lacs de Sylans et Nantua sont classés depuis le début du XX° siècle, ainsi que les sources de la Doye aux Neyrolles, où s’embouteille l’eau Cristalline, et la cascade du Moulin de Charix, hélas invisible au regard, car caché entre deux maisons.Le sud de la vallée de la Sémine est en cours de classement (commune de St Germain de Joux), pour son paysage emblématique des vallées du massif jurassien du Haut-Bugey. La rivière, ici sauvage, est pittoresque, peu visible dans le paysage mais très présente par son bruissement puissant et incessant. Elle offre des accès rares à des marmites de géants ainsi qu’à la carrière des Mares, renommée pour la présence d’un site géologique exceptionnel : un récif corallien fossile.Ces sites naturels sont l’objet d’un tourisme contemplatif ancien, légèrement en désuétude aujourd’hui où la cluse de Nantua est surtout réputée pour son « Titan » d’autoroute. Il est d’ailleurs utilisé comme image d’Épinal par la ville de Nantua (viaduc de Nantua).Les pentes boisées sont abruptes et peu exploitées, du fait de leur inaccessibilité.Quelques installations industrielles subsistent : une usine de fromage (Entremont), ouverte à la visite, une carrière souterraine au-dessus de St Germain de Joux (St Gobain, réalisation de verre transparent), d’anciennes scieries le long de la RD1084…

Transformation

La cluse de Nantua vit actuellement des transformations importantes, liées à l’aménagement de la ligne SNCF en vue du passage du TGV Paris-Genève sur les berges du lac de Nantua, mutations que vivra le lac de Sylans, resté plus naturel, dans un avenir proche : déboisement des pentes, installation de filets anti-éboulis, d’écrans anti-bruit (le choix de grillages végétalisés semble acquis) et de passages à niveau, électrification. Le passage du TGV sur ces berges modifiera profondément l’aspect du paysage et le quotidien des habitants (cinq passages par jour), déjà soumis à des transformations importantes depuis les années 1980 (autoroute A40).Le lac de Sylans semble se creuser, créant une zone marécageuse nouvelle à l’Est. Plus secret et étroit que celui de Nantua, il cependant gardé un caractère plus naturel. Au bord du lac de Nantua, l’aménagement des berges a été réalisé en accord avec le paysage.

Objectifs de qualité paysagère

Le paysage de la cluse de Nantua a subi d’importantes modifications depuis l’aménagement de l’autoroute A40 jusqu’à aujourd’hui la ligne TGV Paris-Genève, qui participe aujourd’hui de son identité. Il conviendrait, pour faire le pendant à cette modernité intrusive, de mieux valoriser l’histoire des lieux (glacières du lac de Sylans, friches industrielles) et les sites naturels classés (lacs, sources de la Doye, cascade du moulin de Charix, vallée aval de la Sémine), en les rendant accessibles au public.

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