Bordure orientale de la Chartreuse

01 Bordure orientale de la Chartreuse
Département  : Isère
 
Communes  : LA TERRASSE, CROLLES, LUMBIN, SAINT-BERNARD, SAINT-HILAIRE, LE TOUVET, CHAPAREILLAN, LA FLACHERE, SAINTE-MARIE-DU-MONT, SAINT-VINCENT-DE-MERCUZE, SAINT-PIERRE-D’ENTREMONT, SAINT-NAZAIRE-LES-EYMES, SAINT-PANCRASSE, SAINT-PIERRE-DE-CHARTREUSE, BARRAUX
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 4916
 
Carte(s) IGN : 3334OT

Impression générale

2062 mètres pour la dent de Crolles, voici qui n’est pas si impressionnant sur la carte ! Sur le terrain, on pourrait croire à une altitude plus élevée tant ce repère visuel est visible de loin, à nul autre pareil. Lorsque l’on arrive sur ce haut balcon naturel, on est également très surpris car rien ne le laissait soupçonner depuis le bas. A l’inverse, depuis le plateau, pas de vue sur la vallée du Grésivaudan, pourtant très proche à vol d’oiseau, mais un a-pic vertigineux. Les vues ne sont donc pas plongeantes mais panoramiques en vis-à-vis vers Belledonne, ou sur les hauteurs de falaises verticales monumentales. Autre vision impressionnante, celle de l’architecture des sanatoriums construits voici près d’un siècle. Leurs contours épousent la ligne des falaises, une jolie leçon de l’intégration d’imposants bâtiments dans un paysage naturel. Ces établissements de santé en imposent, fixant leur image dans l’esprit. Mais si la monumentalité domine ce territoire, rien n’est écrasant ; impression étrange d’un territoire à échelle humaine, dans un environnement démesuré. L’habitat contemporain, épars, diversifié, ne parvient pas à briser l’ambiance bucolique des lieux. Un lieu qui se trouve épisodiquement très fréquenté, comme lors de la célèbre coupe Icare qui rassemble les adeptes du vol libre du monde entier. Un terrain d’envol idéal avant de se jeter dans le vide. On retient sa respiration, on les envie de ce grand bol d’air dans un paysage grandiose.

Identification

Le Plateau des Petites-Roches est un balcon naturel, en bordure orientale du Massif de la Chartreuse, dominé par la Dent de Crolles. Il se présente comme une large virée herbeuse habitée, flanquée entre deux étages de falaises calcaires d’un gris souris aux dimensions impressionnantes. La lecture du paysage est immédiate et directe, l’organisation dessinée à grands traits par la structure géologique ; une falaise de 1000 mètres perpendiculaire au plateau longitudinal puis un a-pic tout aussi vertical qui masque la vue sur le fond de vallée, 800 mètres plus bas. Verticalité, horizontalité, verticalité, une séquence claire et sans ambiguïté, qui a un côté intimiste par la faible largeur du replat (quelques centaines de mètres). Cette simplicité de composition ne se soupçonne pas depuis la vallée du Grésivaudan, et se laisse découvrir et apprécier. Le rebord, impressionnant, peut revêtir un caractère effrayant pour qui est sujet au vertige, mais symbolise un paradis pour les deltaplaneurs et autres fous volants, qui s’élancent dans le vide avec délectation. Le lieu a une réputation au moins européenne.La présence humaine s’incarne à travers un habitat épars et dispersé mais surtout par la présence de 3 anciens sanatoriums. Imposantes bâtisses, à l’image de la majesté des lieux, et dont il faut saluer l’exceptionnelle intégration dans un site hors du commun, par une architecture symétrique qui épouse les contours des crêtes.

Qualification

Les paysages exceptionnels et remarquables foisonnent, au premier chef la Dent de Crolles, et, plus généralement, les falaises du massif de la Chartreuse. Cette montagne est un des symboles de Grenoble et de la vallée du Grésivaudan, d’où elle est bien visible. Son nom vient de son allure de grosse molaire et de la commune qui se trouve à ses pieds, Crolles. Son accès rapide depuis la vallée par le col du Coq en fait un lieu privilégié de promenade pour les Grenoblois. La grande beauté de ce lieu, en même temps que son côté un peu retiré, lui confèrent incontestablement une valeur d’attrait résidentiel important.Les trois anciens sanatoriums ont été reconvertis en établissements hospitaliers de convalescence et de rééducation. Leur construction remonte aux années 1930, avec la mise en place d’un funiculaire pour pouvoir charrier les matériaux sur le site du Plateau des Petites Roches, difficile d’accès à l’époque. Aujourd’hui, ce funiculaire est encore en fonction, et permet de gravir les 740 mètres de dénivélation en 20 minutes. Ce qui lui vaut un titre de gloire, celui de gravir la pente la plus forte d’Europe (83% par endroits) !

Transformation

Conçu par l’architecte Tony Garnier, le Sanatorium des Petites Roches a ouvert ses portes en 1933 à Saint-Hilaire-du-Touvet. Deux autres sanatoriums ont été érigés, Rocheplane de l’Association métallurgique et minière et le Sanatorium des étudiants de France. Dans les années 1960, en raison de la récession de la tuberculose, le sanatorium s’est orienté vers la convalescence et la rééducation des malades autres que tuberculeux. Il est devenu le Centre médico-chirurgical dans les années 1970, rattaché au CHU de Grenoble en 2003. Mais il est aujourd’hui menacé de fermeture voire de destruction. Les raisons officielles – plutôt controversées – invoquent le risque d’avalanches. Il est vrai que ce territoire naturel subit forcément des bouleversements issus du travail géologique et l’érosion joue un rôle de premier plan. A noter aussi une importante présence de l’eau. De nombreuses cascades se jettent dans le Grésivaudan par les falaises qui délimitent le bord du plateau. L’eau est aussi propice aux cultures et l’agriculture semble dynamique sur ce territoire. Quant à l’habitat, il mêle aujourd’hui habitations traditionnelles et contemporaines, des constructions récentes qui s’expliquent par l’attractivité de ce territoire. Toutefois, son éloignement des grandes zones d’activité le préserve encore d’une densité trop importante.

Objectifs de qualité paysagère

La reconversion des 3 anciens sanatoriums est à suivre. Les transformations à venir pourraient modifier la structure paysagère de ce territoire. Les questions d’urbanisation sont également à suivre de près, pour éviter la trop grande dispersion de l’habitat et, surtout, préserver un espace important aux prairies. Une impérieuse nécessité !

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