Beaufortin

02 Beaufortin
Département  : Savoie
 
Communes  : GRANIER, TOURS-EN-SAVOIE, VILLARD-SUR-DORON, CESARCHES, ALBERTVILLE, LA BATHIE, CEVINS, AIME, BOURG-SAINT-MAURICE, LES CHAPELLES, LA COTE-D’AIME, LES CONTAMINES-MONTJOIE, PRAZ-SUR-ARLY, HAUTELUCE, NOTRE-DAME-DE-BELLECOMBE, MEGEVE, UGINE, MARTHOD, QUEIGE, BEAUFORT
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 26936
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le massif du Beaufortain (1) se dresse au débouché de la Combe de Savoie et du Val d’Arly. On y accède depuis Albertville en suivant une route boisée (2), bordée de falaises, d’abord très resserrée puis s’élargissant en fond de vallée aux abords de Villard-sur-Doron (3). A Beaufort, on peut continuer soit vers le nord par la vallée de Hauteluce (4), soit vers le sud, par la vallée d’Arêches (5). Au-delà de Beaufort, la vallée principale se resserre brutalement avec le défilé d’Entreroche (6).La première impression que donne ce massif est celle d’une grande vallée d’altitude isolée offrant de magnifiques points de vue sur le massif du Mont-Blanc depuis ses versants sud (7) et la vallée d’Hauteluce. Le massif du Beaufortain culmine à l’aiguille du Grand Fond (2920m) (8). Il offre des paysages de forêts et d’alpages (9), soigneusement entretenus, où paissent des vaches tarines (10) dont le lait donne le fameux fromage de Beaufort.Malgré le développement du tourisme, ce massif a encore une très forte identité rurale. On y trouve de nombreuses exploitations (11) et un important patrimoine architectural (12). Les stations de sports d’hiver qui s’y sont développées, comme Arêches (13), sont des villages-stations familiales construites autour d’anciens bourgs et respectueuses du patrimoine existant. Le paysage du Beaufortain est également marqué par les infrastructures hydro-électriques et notamment par quatre grands lacs de retenue. Le plus grand de ces lacs est le lac de Roselend (14) d’une capacité de 185 millions de m³ d’eau.

Identification

Le Beaufortain est constitué de trois sous-unités.Une vallée principale (1) parcourue par le torrent du Doron (2) qui traverse l’unité d’est en ouest pour se jeter dans l’Arly. Sa partie centrale, autour du bourg de Beaufort, est le seul fond de vallée large et plat (3) du Beaufortain. Elle est caractérisée par des grandes parcelles planes et défrichées contrastant avec les versants raides et boisés qui la délimitent.La partie Est de cette vallée principale est en revanche marquée par un relief tourmenté et accidenté. Après le défilé d’Entreroche, on y découvre le lac de retenu de Roselend dominé par l’Aiguille du Grand Fond (2920m) et le Roc de la Charbonnière (2714m) (4). La confluence avec le torrent de la Gittaz (arrivant du lac de retenue du même nom) est dominée par les Aiguilles de la Pennaz (2683m) (5).La partie ouest de la vallée principale est, elle aussi, accidentée, se resserrant jusqu’au défilé des côtes du Doron (6).Au nord de Beaufort, la vallée d’Hauteluce (7) se distingue clairement de la vallée principale, dont elle est séparée par la montagne d’Outray (2346m) (8). Parcourue par le torrent du Dorinet, cette vallée est marquée par l’Aiguille Croche (2487m) et la Tête de la Cicle (2552m) et se termine par le col du Joly (1989m) (9) (au-delà des Contamine-Montjoie). Elle offre de magnifiques vues sur la vallée du Mont-Blanc.Au sud de Beaufort, la vallée d’Arêches (10) s’est formée à la rencontre de deux torrents : l’Argentine dominée par La Pointe de la Grande Journée (2450m) et le torrent de Poncellamont dominé par le Grand Mont (2686m) et le Crêt du Rey (2633m).L’ensemble de ces trois sous unités offre un paysage verdoyant où pâtures et forêts s’entremêlent. En dehors de Beaufort, les villages ne se sont pas implantés en fond de vallée, mais légèrement au-dessus (11), en bas de pente du versant nord pour être du côté des pâtures exposées au soleil et hors d’atteinte du torrent. Le système d’habitat est diffus (12), il prend la forme de nombreux hameaux et exploitations agricoles implantés le long des routes.Les usines EDF (13) et les quatre barrages et lacs de retenue, barrage de Roselend (14), barrage de la Gittaz, barrage de Saint-Guérin, barrage de la Girotte, marquent fortement le paysage.

Qualification

Le massif du Beaufortain est connu et cité dans les guides touristiques pour son fromage (Appellation d’origine contrôlé), ses paysages de prairies et d’alpages (1), son architecture traditionnelle et ses barrages. L’image phare du Beaufortain est celle des alpages et prairies où paissent les vaches tarines (2) dont le lait est utilisé dans la fabrication du Beaufort, le « prince des Gruyère ».L’architecture vernaculaire est préservée. Qu’il s’agisse d’églises baroques (3) avec leurs clochers à bulbes (4), ou de fermes et de greniers(5), ces vallées regorgent de hameaux et de villages inscrits : hameau de Boudin (6), hameau du Praz et ses abords, village d’Hauteluce, hameau d’Entre-deux Nants et ses abords, hameau d’Annuit, hameau du Pré, hameau de Belleville et ses abords, hameau de Roselend (encore inscrit alors que le village est sous les eaux du lac de retenue !).Les constructions traditionnelles sont en bois, montées sur un soubassement en pierre (7). La grange se trouve en partie haute, l’habitation en partie basse. Cette dernière peut être entièrement maçonnée ou en partie en bois. Le logis est parfois desservi par un balcon en bois. Le toit à deux pans est anciennement couvert de tuiles en bois ou ancelles. Aujourd’hui ces dernières sont remplacées par de la tôle ondulée ou des bacs acier. Les mazots (petits greniers) sont construits à proximité de l’habitation en madriers de bois assemblés par empilement (8).Si l’économie locale repose de longue date sur l’exploitation forestière, l’élevage et la fabrication de fromages, l’énorme potentiel hydraulique du bassin du Doron est cependant ce qui a permis au Beaufortain de devenir le pays de la Houille Blanche dès le début du XXe siècle. Parmi les quatre lacs de retenue, le lac artificiel de Roselend est de loin le plus important (9). Les travaux de sa construction ont commencé en 1955 et ont nécessité l’engloutissement du village d’alpage dont il tire son nom. Les habitants de la vallée n’ont pas cherché à s’opposer frontalement aux travaux, mais plutôt à négocier au mieux. Les indemnités versées par EDF ont indirectement permis la naissance de la coopérative laitière de Beaufort (10). Le barrage est achevé en 1962. Il fête cette année ses 50 ans et opère sa vidange décennale (11).A l’ensemble de ces ressources s’est également ajouté le tourisme, favorisé par le respect du patrimoine architectural des villages-stations et de leur cadre naturel. La pratique du ski de piste et du ski de fond s’est développée dans les stations-villages d’Arêche (12), du Planey, de Hauteluce et du Val Joly.

Transformation

Le Beaufortain, encore très agricole grâce au dynamisme de la production du fromage de Beaufort, voit son urbanisation s’accroître. L’attrait d’un beau pays, des stations-villages agréables, à échelle humaine, génèrent la construction de maisons (1), de gîtes, ou de résidences de vacances (2) un peu partout. Le phénomène n’est pas spectaculaire, mais il n’en est pas moins réel. Cela entraîne un mitage (3, 4) et une réduction de la taille des pâtures sur les versants (5).Il existe un risque réel de fermeture des paysages. La forêt pourrait facilement gagner du terrain (6) si l’agriculture baissait en activité.En fond de vallée, on voit une juxtaposition de constructions et de petits aménagements (7, 8) sans grande organisation conduisant petit à petit à une saturation, ou du moins à un morcellement, de cet espace au détriment des zones agricoles.

Objectifs de qualité paysagère

La préservation des paysages du Beaufortain passe par une maîtrise de l’urbanisation et la conservation des espaces ouverts (1, 2). L’extension de l’urbanisation (3, 4) doit être limitée en fond de vallée afin de ne pas remplacer petit à petit la culture de fourrage d’hiver indispensable dans la production de Beaufort. Cela implique de privilégier l’habitat collectif ou individuel groupé à l’habitat individuel simple ainsi que de densifier les bourgs plutôt que de les étendre. Le positionnement des bâtis agricoles est également à maîtriser. Bien placés et construits (matériaux bois…) ils peuvent être une vitrine de l’activité locale. Mal placés et de piètre qualité, ils génèrent des conflits d’usages ayant des répercussions négatives sur le paysage (haies de protection inadaptées, chemins détériorés…). On notera sur la commune de Beaufort qu’il serait intéressant de repenser les espaces publics du centre bourg afin d’estomper l’effet de traversée routière que provoque la RD925, ainsi que l’impact du grand parking en rive de torrent.La conservation des espaces ouverts des versants, menacés par l’extension des friches (5), l’éparpillement résidentiel (6) et des domaines skiables (7), passe par un soutien aux exploitants agricoles dans leurs activités liées aux prairies et alpages ainsi que l’application des recommandations similaires au fond de vallée. Par ailleurs on veillera à maîtriser la création de pistes d’accès aux alpages qui peuvent facilement marquer le paysage.Le développement des infrastructures de ski n’est pas souhaitable dans le cadre d’une préservation des paysages et de l’environnement. Lorsque de nouvelles infrastructures voient le jour, il s’agit de penser en amont à une gestion partagée des paysages, afin de concilier agropastoralisme et tourisme, ainsi qu’au tracé des pistes à implanter au mieux en fonction du paysage existant, des vues, des alpages…Le respect des vues (8, 9) proposées par les nombreuses situations de balcon est également un des enjeux dans la maîtrise du développement des versants. Une, deux, trois maisons peuvent influer sur la perception de toute une vallée (10).Le 9 mai 2012, le SCOT Arlysère, auquel appartient le versant est des Aravis, a été approuvé : veiller à ce que les préconisations paysagères du PADD soient bien prises en compte dans les PLU et dans les permis de construire.Le Beaufortain fait également partie de l’espace Mont-Blanc (communes de Beaufort et Hauteluce). Cette initiative de coopération transfrontalière réunit 35 communes à cheval sur la Savoie, la Haute Savoie, la Vallée d’Aoste et le Valais. Si l’espace Mont-Blanc semble être un des cadres dans lequel développer ces objectifs, aucun projet concret n’en découle pour l’instant dans le Beaufortain.

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