Bassin du grand Lac et hautes-vallées du Ferrand et de la Romanche

54 Bassin du grand Lac et hautes vallees du Ferrand et de la Romanche
Département  : Isère
 
Communes  : CLAVANS-EN-HAUT-OISANS, HUEZ, OZ, VAUJANY, SAINT-COLOMBAN-DES-VILLARDS, SAINT-JEAN-D’ARVES, LE FRENEY-D’OISANS, MIZOEN, SAINT-SORLIN-D’ARVES, MONT-DE-LANS, BESSE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 15221
 
Carte(s) IGN : TOP25 :3335 ET

Impression générale

Des paysages de toute beauté, dominés par la majesté des pics de haute montagne. La Barre des Ecrins, Les Grandes Rousses, la Meije, forment un écrin au cœur duquel se blottissent Besse, Mizoën, Clavans, des villages pittoresques et où se déroulent de vastes prairies d’alpage. Depuis le plateau d’Emparis, accessible aux marcheurs sans qu’ils soient même de grands alpinistes, la vue est grande ouverte sur les chaînes alpines. Les plus chevronnés pousseront jusqu’aux cimes et sommets, côté ouest, avec des vues plongeantes sur les glaciers qui se lovent au creux des montagnes. L’impression de naturalité est très présente, renforcée par la subsistance d’activités pastorales dans les alpages. Les bêtes, que l’on monte au printemps depuis le village de Besse, trouvent aussi leur place dans ce grand espace encore préservé.

Identification

Tout au nord, le col de la Croix-de-fer (2068 mètres), qui marque la limite entre le massif des Grandes Rousses et le massif des Arves. Au sud, situé le long de la Nationale 91, route de traversée nord-sud des Alpes entre le Bourg d’Oisans et le col du Lautaret, le lac du Chambon ; à plus de 1000 mètres, il constitue une retenue EDF avec un imposant barrage.Mizoën, Clavans et Besse sont remarquablement groupés autour de leur clocher, avec une architecture de pierre aux toits de lauzes d’ardoise ou, pour les plus récents, de tôle grise. Cette vaste zone de 2900 hectares offre un paysage grand ouvert, avec un fort contraste entre les lignes arrondies du plateau et le panoramique des pics de haute montagne. D’ailleurs, l’ouverture est un trait dominant sur l’ensemble puisqu’il ne comporte ni parcelles ni clôtures, même dans les zones habitées. Elle est bordée de vallées étroites et encaissées où l’on retrouve le bois. Situé entre 2300 et 2500 mètres, le plateau d’Emparis dénudé, au relief nu de schiste gris, évoque une steppe avec des prairies rases et des ardoises luisantes. De nombreuses cabanes d’alpage gisent abandonnées, d’autres jouent leur rôle estival accueillant les bergers, d’autres encore sont réhabilitées par de nouveaux résidents… L’été, y paissent de milliers de moutons venus de la Provence, plus sèche. Tout en buttes et bosses, le plateau offre tantôt une vue à 360 degrés sur les massifs alpins des alentours, tantôt la dérobe dans un creux.

Qualification

Les éléments qui composent ce territoire ont un caractère rural patrimonial affirmé et la présence humaine est variable : réduite l’hiver et amplifiée l’été, localisée dans quelques villages de petite taille (seulement 130 habitants pour le plus réputé d’entre eux, Besse-en-Oisans). Le Plateau d’Emparis est un site réputé pour son alpage, une activité encore très présente et liée à la transhumance des bêtes depuis le village de Besse. La maison des Alpages de Besse-en-Oisans en témoigne. La valeur patrimoniale s’exprime aussi à travers la forme circulaire des villages et un habitat traditionnel caractéristique, adapté aux conditions atmosphériques et aux reliefs. Très découpé dans ses traits par les reliefs de montagne, il présente une homogénéité et un équilibre qui l’adoucissent. Même dans les espaces désertiques comme au plateau d’Emparis, parfois appelé \’l’Oisans chauve\’, aucun élément n’est inquiétant ni dérangeant. Ce contraste entre les premiers plans doux et plats et les reliefs en vues, l’impression d’être sur un balcon à la vue exceptionnelle confèrent indéniablement à ce paysage un caractère tant exceptionnel que singulier.Cette unité paysagère compte deux sites classés : le Lac et glacier des Quirlies (un site de 532 hectares classé en 1990) et le plateau d’Emparis (classé en 1991). Il n’est pas exagéré d’indiquer à quel point ces paysages participent à la diversité des paysages isérois.

Transformation

L’élément de transformation le plus fort est naturel : l’érosion qui façonne les motifs paysagers et modèle les matières. Ce paysage semble avoir été épargné jusqu’à présent par de grands bouleversements du fait même de son éloignement des agglomérations et des accès routiers. Il a été découvert tard du point de vue patrimonial, habité seulement par des bergers habitués aux rudes conditions de vie. Les ruines des chalets d’alpage dans les prairies (notamment sur le plateau d’Emparis) sont des témoins d’un pastoralisme en perte de vitesse. En revanche, et c’est un signe des temps, la vitesse de transhumance a été accélérée puisque les bêtes sont montées en alpage en camion !Les bergers les accompagnent en moto, croisant aussi sur les hauteurs des VTTistes à la recherche de sensations fortes dans les pentes. Des pentes qui gardent les traces d’une exploitation agricole ancienne, les « ados » notamment autour de Besse. Les hameaux se sont très peu développés, très peu étendus, gardant leur forme circulaire pittoresque. La fréquentation touristique et sportive est assez récente. Conscientes de leur attrait, les communes ont lancé des initiatives plus ou moins heureuses ; dans la première catégorie, une maison des alpages à Besse qui rend hommage au pastoralisme, dans la seconde catégorie, des aménagements urbains (parkings, hauts lampadaires) ; ces images de modernité, qui plus est dans un petit bourg, paraissent démesurées en période de basse fréquentation. Une grave menace de transformation en paysage naturel de loisirs pèse sur la vallée de Clavans où des projets de liaison avec l’Alpe d‘Huez ont été imaginés. En attendant, en hiver, les hélicoptères tournent des journées entières pour reprendre les skieurs hors piste qui descendent depuis le Pic Blanc. La qualité sonore d’espace vierge en est bien entendu affectée !

Objectifs de qualité paysagère

Ce paysage participe à la diversité des paysages isérois. Son intégrité est d’autant plus remarquable que cette unité paysagère côtoie en contraste les stations de l’Alpe d’huez et des Deux-Alpes. Territoire relativement préservé jusqu’ici, il est vulnérable au moindre aménagement. Un objectif de qualité qui se décline en de multiples attentions : réserver les pistes pastorales aux bergers évitant ainsi leur dégradation accélérée par les touristes, conserver les architectures traditionnelles (respect de la pente) et les matériaux nobles, rénover les chalets d’alpage avec des critères de maison passive, entretenir et sécuriser les routes en évitant le béton et les glissières acier, conserver dans la mesure du possible le caractère ouvert des paysages, sans parcelles ni clôtures. A noter un service mis en place par le Syndicat Intercommunal (Mizoen, Besse, Clavans) en matière d’urbanisme : les conseils gratuits d’un architecte pour assurer la qualité architecturale des constructions et leur bonne insertion dans le site environnant. Dans cet objectif, une Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager est en cours d’étude dans ce bourg.La grande horizontalité du plateau supporterait mal tous les supports verticaux évocateurs de modernité (lignes électriques, pylônes de téléphonies).Cependant, de grands projets font craindre une modification de l’ambiance naturelle de ce territoire et notamment une liaison depuis la vallée du Ferrand vers l’Alpe d’Huez. Il conviendra d’en mesurer les conséquences, notamment sur le pastoralisme.

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