Bassin des Echelles/St-Jean-du-Pont

58 Bassin des Echelles St Jean du Pont
Département  : Isère
 
Communes  : SAINT-PIERRE-DE-GENEBROZ, VOISSANT, SAINT-CHRISTOPHE-SUR-GUIERS, ENTRE-DEUX-GUIERS, LA BAUCHE, LES ECHELLES, SAINT-CHRISTOPHE, SAINT-BERON, SAINT-FRANC, MERLAS, MIRIBEL-LES-ECHELLES, SAINT-AUPRE, LA BUISSE, COUBLEVIE, POMMIERS-LA-PLACETTE, SAINT-ETIENNE-DE-CROSSEY, SAINT-JOSEPH-DE-RIVIERE, SAINT-JULIEN-DE-RAZ, SAINT-LAURENT-DU-PONT, SAINT-JEAN-DE-COUZ
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 11873
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le bassin des Echelles est flanqué sur sa partie est de l’immense barre rocheuse du massif de la Chartreuse. Sa partie ouest, en revanche, est beaucoup moins élevée, de l’ordre de 800 mètres. Ce bassin d’altitude semble donc au premier abord offrir une parenthèse champêtre, dans un cadre exceptionnel puisque les vues sur les montagnes forment un arrière-plan de qualité. La seconde appréciation est moins flatteuse : peu préservé, le bassin des Echelles ne bénéficie pas de la même attention que le parc de la Chartreuse voisin. Un endroit calme et retiré, ce n’est pas vraiment la définition qui convienne ! Certes, certains endroits ne manquent pas de charme, comme le village d’Entre Deux Guiers ou le belvédère de la commune de Miribel-les-Echelles, qui offre un point de vue magnifique sur les montagnes. La présence de l’eau est aussi un atout intéressant, avec les deux bras du Guiers qui se rejoignent et s’unissent pour former un cours d’eau unique. L’eau alimente la plaine et les cultures.Le développement depuis une vingtaine d’années, qu’il soit résidentiel ou industriel, n’a, semble t-il, pas toujours été conduit avec tact et respect des considérations paysagères. Il subit également fortement des pressions foncières, au détriment de l’espace réservé aux activités agricoles, pourtant indispensables, et la large plaine à la trame bocagère se remplit de constructions de manière aléatoire.

Identification

du Guiers, des coteaux surélevés et les contreforts du massif de la Chartreuse. Ses limites sont marquées par la verticalité, notamment sur son flanc est. Elles comportent des routes de gorges : le défilé du grand Crossey et les gorges de Chailles, au nord-ouest. Un paysage agricole, placé en premier plan d’une toile de fonds de montagnes, telle est l’identification générale du bassin des Echelles. Les deux bras du Guiers descendent de la Chartreuse et se rejoignent dans la commune d’Entre Deux Guiers, avant de poursuivre leur course sur plus de 30 kilomètres. A part Entre Deux Guiers (1500 habitants), d’autres communes présentent un intérêt, comme les Echelles et Miribel les Echelles, un balcon qui offre une vue imprenable sur la Chartreuse. Son caractère agraire lui confère aussi une dimension temporelle, entre préoccupations quotidiennes et montagnes immémoriales. La plaine est hérissée de peupliers et jalonnée de fossés, et ponctué de marécages. Beaucoup de prés, peu de champs cultivés mais une activité agricole importante : élevage et exploitation fruitière. En raison de ce caractère marécageux, l’habitat traditionnel a délaissé la plaine pour se poser sur les coteaux ; maisons de pierre rehaussées de tuiles en écaille, sur un toit à 2 pentes caractéristique. Cependant, l’habitat récent est moins sage, implanté dans la plaine où il est plus facile de s’installer sans terrassement.

Qualification

Séduisant premier plan à la splendide toile de fonds formée par la grande façade rocheuse de la Chartreuse, le bassin des Echelles possède un incontestable atout paysager. Il est entouré de sites exceptionnels et remarquables ; et appartient à la zone périphérique du Parc de Chartreuse. Sa valeur intrinsèque est aussi intéressante, du fait de sa topographie de vallée, il est coupé des plaines alentours et niché dans un cadre exceptionnel. Ces atouts en font précisément une zone attractive pour les urbains en recherche de cadre montagnard et le soumettent à des pressions foncières.Qu’ils visent une résidence secondaire ou même principale, ils s’installent de façon de plus en plus massive, et pas toujours sur les endroits les plus adéquats. De fait, l’implantation de maisons individuelles au cœur de la plaine a une double conséquence : une rupture avec le centre du village, avec une dispersion qui casse la structure et une invasion des terres agricoles. Les signes de modernité aux abords des communes ne sont pas non plus des plus heureux, implantations de centres commerciaux, ronds-points démesurés, publicités… Cependant, et sans doute parce qu’il reste éloigné des grandes agglomérations (Grenoble et Chambéry), les pressions foncières n’ont pas atteint un seuil inquiétant et l’agriculture résiste.

Transformation

Le bassin des Echelles a subi des transformations liées au recul des activités rurales traditionnelles, et, parallèlement à la colonisation de la plaine par les activités tertiaires et la fonction résidentielle. Ce qui participait de sa qualité paysagère est en passe de se déliter, avec des premiers plans de plus en plus construits. La structure ancestrale d’un bassin agricole et d’un habitat à flanc de coteaux n’est plus respectée. Les communes se targuent d’ailleurs d’enregistrer une demande de logements en forte hausse - le bassin effectif de population composé des habitants du canton de Saint Laurent du Pont et des communes de l’avant Pays Savoyard représente plus de 15 000 habitants. Heureusement, elles veillent aussi à maintenir une dynamique économique liée aux ressources propres (l’exploitation du bois notamment), avec des artisans et de la main d’œuvre locale. Salutaires initiatives pour retrouver une dynamique industrielle locale et n’être pas simplement qu’une terre de « résidences à la campagne ». Les constructions nouvelles, l’extension des communes avec son lot d’implantations commerciales inesthétiques banalisent fortement ce paysage.

Objectifs de qualité paysagère

Les enjeux paysagers du bassin des Echelles sont à la hauteur des dynamiques de transformation. Ils seraient l’occasion pour élaborer un plan de paysage et réfléchir avec clarté aux objectifs de qualité paysagère dont quelques pistes pourraient être ébauchées… « Bâtir les terres planes qui restent » et réserver à l’agriculture l’espace « peau de chagrin » ne peut constituer un objectif de qualité paysagère soutenable. La topographie, la fertilité des sols et leur aspect mécanisable pourraient redevenir une clé d’entrée pour orienter la vocation des sols. Dans la plaine, ce sont les usages qui changent et les transformations sont visibles et perturbantes. L’identité du lieu est touchée. Du point de vue du paysagiste, les documents de planification devraient faire l’objet de la plus grande attention, pour rendre à chaque topographie de terrain son usage approprié. Une plaine peuplée de lotissements récents en pied de Chartreuse est-elle souhaitable ? Réfléchir à l’occupation de l’espace conduit également de réhabiliter le bâti plutôt que faire la course aux constructions nouvelles. En outre, la proximité du parc naturel régional devrait inciter à la réhabilitation selon les concepts de développement durable. L’extension des villes et l’implantation de zones d’activités et de commerces devraient trouver de meilleures situations, pour conserver à la plaine son caractère agricole. Une voie intéressante consiste également à valoriser le patrimoine local par le développement du tourisme rural puisque le bassin est une des portes d’entrée de Chartreuse.

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