Basse-vallée et corniche du Drac

019 Basse vallee et corniche du Drac
Département  : Isère
 
Communes  : LA MURE, PONSONNAS, PRUNIERES, VIF, SAINT-PIERRE-DE-MESAGE, SINARD, SAINT-MARTIN-DE-LA-CLUZE, AVIGNONET, MONTEYNARD, LA MOTTE-SAINT-MARTIN, SAINT-GEORGES-DE-COMMIERS, NOTRE-DAME-DE-COMMIERS, NOTRE-DAME-DE-VAUX, SAINT-JEAN-DE-VAULX, SAINT-AREY, SAINT-JEAN-D’HERANS, SAINT-SEBASTIEN, CORNILLON-EN-TRIEVES, LAVARS, MARCIEU, MAYRES-SAVEL, MONESTIER-DE-CLERMONT, ROISSARD, TREFFORT, COGNET
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 12579
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Etiré tout en longueur, sur plus de 20 kilomètres, le lac de Monteynard constitue l’élément majeur de la basse vallée du Drac. Il attire pour un pique-nique dominical ou pour la pratique d’activités nautique. Le lac sert aussi de décor grandiose avec, à l’arrière plan, les crêtes du Dévoluy et la célèbre tête de l’Obiou. Sa nature artificielle et ses barrages ne se révèlent pas au premier abord.La couleur d’un turquoise profond de son eau comme une création artistique, reste gravée à l’esprit. Elle tranche avec les rives fortement pentues et les plages aménagées. Cette vision saisissante se dévoile à quelques lacets de la route en encorbellement ou encore, depuis le parcours du petit train touristique qui longe le lac à flanc de montagne. Autant d’atouts qui expliquent l’attrait de ce site, tant pour les activités touristiques et de loisirs que comme lieu de résidence. Avec la récente mise en service de l’autoroute A51, Grenoble est rapidement accessible. Site de loisirs et terrain de jeux pour les Grenoblois, la basse-vallée du Drac est aussi devenue une campagne chic résidentielle. Les communes ancestrales, nichées sur les replats, doivent aujourd’hui composer avec de nouvelles constructions et des lotissements au caractère architectural non régional.

Identification

Le lac de Monteynard est une retenue d’eau artificielle sur le Drac alimentant une centrale hydroélectrique EDF. Après le barrage construit en 1962 et situé vers la commune d’Avignonet, le lac s’étend sur une vingtaine de kilomètres avant de se séparer en deux bras, le Drac et l’Ebron. La basse-vallée du Drac offre une structure étagée, avec le lac très encaissé, de fortes pentes boisées, un replat où se concentrent l’habitat et les activités agricoles, puis à nouveau des pentes boisées. A l’est, la longue échine du Sénépy, qui culmine à 1769 mètres, domine fortement la vallée. Ce territoire très marqué sur le plan axial sépare les vallées du Trièves et de la Matheysine et offre en ligne d’horizon les crêtes minérales du Dévoluy avec l’Obiou en point de mire dominant (2789 m).Les paysages à grande échelle (montagnes) et à petite échelle (clochers des églises) constituent des points d’appel de ce territoire qui s’exprime essentiellement dans une vision axiale. A part les deux barrages, très encaissés, le pont routier de Brion et les toutes nouvelles passerelles métalliques réservées aux piétons, aucun élément transversal ne relie les deux rives de ce paysage. Un manque de liens qui influe aussi sur les usages présents sur ce territoire.

Qualification

Dans ce cadre exceptionnel, avec le lac de Monteynard comme élément majeur, les motifs de naturalité sont contrariés par une succession d’images de grands aménagements et de péri-urbanisation : barrages imposants, lignes à très haute tension très présentes, nouvelles constructions en marge des bourgs patrimoniaux, accès restreint et très contenu aux plages, berges inaccessibles, risques d’éboulements provoquant des expropriations… Il conserve une caractérisation rurale, avec le maintien d’activités agricoles, sur de petites parcelles, et un peu d’élevage. Mais les habitants de ce territoire sont de plus en plus nombreux à travailler ailleurs, ne profitant du site que pour son attrait résidentiel. Une maison avec vue sur le lac et les massifs montagneux est devenue un rêve tangible pour de nouvelles populations, dont les habitations grignotent de l’espace sur les prés. En cause, la mise en œuvre récente de l’autoroute A51 (Grenoble-Sisteron). Si elle n’est pas présente physiquement dans cette unité paysagère, ses conséquences sont néanmoins considérables : un impact visuel avec des infrastructures imposantes (murs de soutènement…) et des routes coupées ; surtout, un net raccourcissement des temps de trajet vers Grenoble, qui engendre une forte pression foncière sur cette vallée.

Transformation

Ce territoire a subi une transformation majeure dans les années 1960, avec la création du lac artificiel de Monteynard et de son barrage voûte (1962). Dans les communes, quelques maisons de maître et des aménagements locatifs pour le personnel. La vie locale tourne alors autour des grands travaux puis de l’activité de la centrale, qui viennent s’ajouter aux usages traditionnels (élevage, agriculture). Dans les années 1980, le lac est devenu prisé pour les activités nautiques, notamment la planche à voile très en vogue à l’époque. Les plages sont progressivement aménagées pour accueillir, aujourd’hui, les camping-cars – autre évolution du tourisme. Aires de pique-nique équipées, location d’embarcations nautiques, plages engazonnées, école de kite-surf, le site évolue avec les usages et affirme sa vocation d’aménagement de loisir. Point d’attraction visuel majeur du parcours du Train touristique de la Mure, le lac est également sillonné par les navettes-croisières. Les dernières installations, deux passerelles métalliques réservées aux piétons et aux VVTistes, sont les plus marquantes car elles influent directement sur le paysage, en créant des liens entre les rives. La nature se rappelle néanmoins à l’homme, quand des risques d’éboulements de terrain conduisent à l’expropriation de populations.Paysage naturel, objet de grands aménagements et d’installations de loisirs, ce territoire comprend également des caractéristiques de paysage émergent, avec une pression foncière très forte sur son flanc ouest en raison de la mise en œuvre de sa plus récente transformation : des sorties d’autoroute qui le situe à moins de 20 minutes d’un immense territoire urbain.

Objectifs de qualité paysagère

Il est bien évident que rien ne pourra enrayer la pression foncière et la péri-urbanisation de ce territoire si attractif. Les objectifs de qualité paysagère consisteraient à porter une attention soutenue aux localisations des nouvelles constructions, pour ne pas déstructurer le bourg qui avait son unité propre et garder une harmonie d’ensemble. Le village ancien ne doit pas être sacrifié au nom du résidentiel. Il convient aussi de veiller aux éléments de petit patrimoine, comme les fours communaux, les fontaines, les murs de pierre. Ils peuvent aussi consister en micro-réalisations, comme l’installation d’un belvédère avec quelques bancs comme lieu privilégié de vision sur les images bucoliques du lac, comme la création de haies végétales pour que les nouvelles constructions se fondent mieux dans le paysage. Les routes peuvent également faire l’objet d’objectifs de qualité paysagère. Valoriser les routes de corniche à la fois par des aménagements qualitatifs, à la fois par la création de belvédères et des aires d’arrêt, pour que la route ait une finalité de contemplation et pas seulement une vocation de traversée.

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