Balcon du Leman entre Evian et Meillerie

53 Balcon du Leman entre Evian et Meillerie
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : LUGRIN, MAXILLY-SUR-LEMAN, MEILLERIE, SAINT-PAUL-EN-CHABLAIS, NEUVECELLE, THOLLON
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 1579
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le promeneur qui découvre le Balcon du Léman entre Evian et Meillerie en arrivant depuis le plateau de Gavot traverse d’abord de fortes pentes boisées (châtaigniers, hêtres, épicéas). « Plongeant » littéralement sur le Léman, il profite de magnifiques vues panoramiques sur le lac, le rivage suisse (Lausanne) et le massif du Jura. S’approchant du lac et quittant le versant boisé, il découvrira un paysage rural fortement urbanisé. Les anciens hameaux, en effet, installés sur les plus faibles pentes en rebord du Léman, sont aujourd’hui tous investis par des pavillons résidentiels. Ils forment une ville diffuse et peu dense entre lac et forêt. Evian n’est qu’à quelques kilomètres. Enfin lorsqu’il rejoind la Route Nationale 5, la vitesse prend le dessus. La route, qui propose de magnifiques travellings sur le lac, est installée entre le rivage et la voie ferrée qui reliait Evian à la Suisse.

Identification

Le Balcon du Léman entre Evian et Meillerie est bordée par le lac Léman (380 m) au nord et par le rebord du plateau de Gavot (800 m) au sud. Il s’arrête à Evian côté ouest et à Meillerie côté est. Il est le lieu de rencontre, de « plongeon » du plateau de Gavot dans le lac.L’occupation du sol y est organisée suivant le relief : alors que la forêt occupe les plus fortes pentes, l’urbanisation, les cultures maraîchères, les vergers, et les prairies de pâtures se sont installées sur la partie la plus douce, au bord du Léman. L’urbanisation, qui s’étend entre lac et forêt, est diffuse. C’est un patchwork de pavillons, lotissements, et anciennes exploitations agricoles. On y remarque un certain nombre de bâtiments patrimoniaux : des châteaux à Tourronde, Lugrin, et Maxilly-sur-Léman, une église du XIe siècle à Lugrin, des maisons de villégiatures sur les rives du Léman (à Petite Rive), et surtout, de nombreuses fermes de type Genevois à Troubois, Les Combes et Véron encore bien visibles, mais qui ont souvent subi des modifications notables.La végétation varie suivant sa situation dans la pente : vergers (pommiers, cerisiers), cultures maraîchères et prairies de pâtures entre 380 et 600 m ; anciennes cultures de châtaigniers (longtemps utilisés comme appoint alimentaire), forêt de feuillus (chênes, hêtres, érables champêtres) et de conifères (épicéas et mélèzes) entre 600 m et 800 m.L’eau est également omniprésente : lac Léman bien sûr, mais aussi une multitude de ruisseaux, de captages de sources ou encore de roselières

Qualification

Le Balcon du Léman entre Evian et Meillerie est moins connue que les rivages de Nernier et d’Yvoire. Moins souvent cité dans les guides touristiques, il profite cependant du prestige des eaux d’Evian. Dans l’imaginaire collectif il est fortement rattaché à l’image mythique du lac Léman et du thermalisme.Au quotidien, c’est un paysage émergent, en pleine mutation, c’est-à-dire un paysage naturel et rural qui a évolué vers des formes d’urbanisation diffuse. Alors que le paysage idéalisé des bords du Léman repose sur l’image de villages denses faisant face au lac, aux limites très nettes, et cernés de grandes étendues agraires, le paysage d’aujourd’hui est composé d’un tissu urbain très lâche, aux limites indistinctes, laissant de moins en moins de place aux activités agricoles. Soumis à la pression urbaine, surtout de Neuvecelle à Lugrin, il a perdu ses dominantes rurales, On note encore la présence de cultures maraîchères de choux, de vergers de pommiers, et d’élevages de vaches de la race Abondance, qui participent à l’identité du pays. Les habitants recherchent un cadre de vie idéal, entre montagne et lac, et sont parfois attirés aussi par le travail en Suisse, rémunérateur, à Lausanne en particulier.

Transformation

Progressivement, le balcon du Léman entre Evian et Meillerie est en train de s’urbaniser. Situé en banlieue d’Evian et face à Lausanne, il est un lieu de plus en plus prisé par ceux qui travaillent en Suisse mais désirent habiter en France. Entre Neuvecelle et Lugrin, en particulier, un grand nombre de lotissements sont en cours de construction en continuité des bourgs. Cet habitat dispersé referme les vues, uniformise le paysage, et lui fait perdre son caractère rural.Parallèlement, on voit apparaître les signes d’un abandon des anciens modes d’habitats et de cultures. Les maisons anciennes ont souvent subi des modifications notables par rapport à leur état initial et les vergers et pâtures présentent de nets signes de dégradations. La forêt, traversée par peu de routes est, quant à elle, relativement préservée de l’urbanisation, elle reste un espace naturel.

Objectifs de qualité paysagère

Face aux mutations que connaît le balcon du Léman entre Evian et Meillerie, l’enjeu est tant de restructurer le tissu résidentiel que de limiter l’étalement urbain, en mettant en valeur les éléments forts des anciennes structures paysagères rurales (trames du parcellaire agricoles, valorisation du bâti vernaculaire…) ou naturelles (vallons).Un des objectifs les plus importants est de conserver les rives du Léman accessibles au public et de préserver des vues sur le lac. Pour cela on préconisera de lotir plus densément et en continuité des centres urbains existants, en veillant à maintenir des espaces non construits entre chaque centre. Les coupures paysagères liées aux vallons et reliefs (ruisseaux de Montigny, de Coppy, de Drainan, de la Carrière) doivent en ce sens être préservées et mieux gérées : elles sont une manifestation de la nature en ville. Enfin, la rénovation du patrimoine vernaculaire bâti et la relance des vergers auraient tout intérêt à être soutenue car ils incarnent l’identité de ce pays.La route nationale 5, véritable travelling de 8 km sur le lac Léman, gagnerait à être aménagée de façon à laisser plus de place aux piétons et aux cyclistes, notamment dans les séquences des traversées des bourgs (Petite-Rive, Tourronde, et Torrent). Parallèlement à la route nationale, l’ancienne voie ferrée qui reliait Evian à la Suisse, la ligne du Tonkin, pourrait aussi être revalorisée. Après avoir cessé le transport de passagers, puis servit de train touristique un temps, elle n’est plus utilisée alors qu’elle propose un panorama exceptionnel sur plusieurs kilomètres. L’étude de sa remise en fonction est inscrite dans le schéma de désenclavement du Chablais, mais si cette option n’était pas validée, la voie pourrait aisément être transformée en itinéraire cyclable et piéton.

Partager la page

Sur le même sujet