Agglomération d’Annonay

01 Agglomeration d Annonay
Département  : Ardèche
 
Communes  : SAINT-CLAIR, ANNONAY, DAVEZIEUX, ROIFFIEUX, BOULIEU-LES-ANNONAY
 
Famille de paysages : Paysages urbains et périurbains
 
Surface (Ha) : 2356
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

On arrive dans l’agglomération d’Annonay en quittant l’attractive vallée du Rhône et en se dirigeant vers l’Ardèche plus à l’Ouest. Ici l’arrière pays commence. Annonay s’étend sur un relief compliqué, composé de 7 collines et du massif du Pilat au nord-ouest. Le paysage y est vallonné, peuplé de forêts de pins et de maisons éparses. Annonay est une ville qui semble échapper à l’attraction de la vallée du Rhône. Pourtant, la ville n’est qu’à 20 minutes en voiture de la vallée, mais seule une route, la D820, permet de faire la liaison. Une ancienne voie de chemin de fer désaffectée depuis bien des années est à l’image de cette ville oubliée, loin des pôles attractifs. Quel dommage que le train ne soit plus là pour nous emmener à la découverte de cette Ardèche si verte et de cette ville qui ne manque pas d’attrait si l’on veut bien si attarder.Ville historique, elle a vue s’élever en 1782 les premières montgolfières inventées par les frères Montgolfier et fut aussi le lieu de nombreuses autres inventions (papier calque, papier vélin, papier filtre…). On sent transpirer ce passé qui fût riche, au travers du bâti de la ville (patrimoine religieux, belles villas et domaines en périphérie…). La ville est à la verticale. Le bâti est fin et étriqué. Possédant souvent plus de 10 étages, les vieilles bâtisses s’élèvent à la recherche de la lumière.Cependant, la ville semble s’être endormie depuis l’après guerre, comme si un voile de poussière l’avait recouverte. De nombreuses rues et maisons sont sombres et insalubres. Les commerces du centre ville ferment les uns après les autres. La ville ancienne, située à la rencontre de deux vallées où coulent la Cance et la Deûme, est désertée au profit de ses périphéries envahies par l’habitat pavillonnaire. C’est donc un paysage à l’horizontale qui se développe en quittant le centre historique d’Annonay, où les projets de lotissements et les constructions de maisons individuelles sont en nombre croissant et presque inquiétant.C’est un peu comme si la vie du centre ville avait quitté la forme urbaine ancienne du cœur historique pour s’étaler en périphérie et se reconstruire sur d’anciennes parcelles agricoles jusqu’au pied du Massif du Pilat. Cette nouvelle couronne urbaine est un phénomène très marqué sur ce territoire et date de plus de 30 ans.L’identité d’Annonay s’est construite avec son industrie de mégisserie, de tannerie et de papeterie, autrefois florissante et ayant fait prospérer la ville. Aujourd’hui, les fonds des deux vallées de la Deûme et la Cance sont encadrés par une multitude d’usines désaffectées qui rendent l’atmosphère étrange, comme si le temps s’était arrêté.

Identification

L’entité urbaine d’Annonay était autrefois une ville importante économiquement pour l’arrière pays Ardéchois. Concentrant l’industrie, les commerces, les marchés et le clergé (chemins de Saint Jacques de Compostelle), la ville permettait d’alimenter et de faire vivre de multiples petits villages de moyenne montagne. Sa position géographique en faisait un centre économique autonome. Mais à la fin du 19ème siècle, avec la construction de nouvelles routes reliant Saint Etienne à Lyon, l’arrière pays de la vallée du Rhône, Annonay, ne fût plus un lieu de passage obligé, un carrefour de l’Arcèche du Nord. La ligne de chemin de fer Saint Rambert - Annonay – Firminy, reliant la vallée du Rhône, construite en 1863, fut fermée au trafic voyageur en 1958 et déferrée en 1992. La disparition du chemin de fer accentua l’isolement de la ville.Aujourd’hui, Annonay fait parti de la Communauté de Commune du Bassin d’Annonay (COCOBA), crée le 10 mars 1999. Elle comporte 16 communes dont celle de Davézieux, Roiffieux et Boulieu-lès-Annonay qui font parti de l’entité urbaine et péri-urbaine.Le centre ville d’Annonay est marqué par la présence ancienne du clergé. En effet, pas moins de 16 édifices religieux (églises, couvents, monastères, écoles religieuses…) sont visibles dans la ville. Entre la rive gauche de la Cance et la rive droite de la Deûme, des rues tortueuses héritées du Moyen Âge organisent un bâti de vieilles maisons à étages s’élevant le plus possible vers la lumière du jour. Tandis que sur la rive droite de la Deûme, la ville semble plus récente avec en grand nombre des constructions datant des années 70-80 (ex : Avenue de l’Europe et quartier de l’ancienne gare.)En s’éloignant du centre ville, des cités des années 50 (Quartier de Bel-Air, Quartier Le Colombier, Quartier Le Zodiaque, La Pras, Font Chevalier) commencent à se dessiner à proximité de vastes usines. A Annonay, 43 % des logements collectifs ont été construits avant 1967. Des immeubles ne dépassant pas les cinq, six étages ont été construits pour pallier le manque de logements pour une population majoritairement immigrée et ouvrière. Les usines à proximité encore en activité (quartier du Zodiaque, de Pupil…) construites en tôle et béton s’opposent aux usines en fond de vallée. Ces dernières édifiées, en briques rouges et aux structures d’acier, sont situées le long de la Cance et la Deûme et sont dans l’ensemble désaffectées.Puis, en dépassant les usines récentes et anciennes ainsi que les cités, la ville semble se dilater, des parcelles agricoles apparaissent divisées par une multitude de maisons individuelles. Les coteaux de Beauregard en sont un exemple flagrant. De nouveaux projets de construction sont en train d’éliminer peu à peu les champs, prés et vergers. Ce tissu lâche est continuel jusqu’aux villages à proximité d’Annonay. Ainsi, Roiffieux au sud et Davézieux à l’est ont été rattrapés par ce continuum de lotissements et villas. Seul le village de Boulieu-lès-Annonay au nord est encore séparé d’Annonay par des espaces ouverts agricoles. Sur la commune de Davézieux, plusieurs zones industrielles (zone de Charnas, de la Lombardière…) et commerciales (zone du Mas) occupent une superficie très importante. Des hangars de tôles et une surabondance de publicités longent le bord de la route D 519.La colline de Montmiandon à l’ouest permet d’avoir un panorama sur la ville d’Annonay. On distingue nettement une plaine après les coteaux de Montalivet qui se poursuit en direction de Davézieux. Autrefois de nombreux jardins et vergers occupaient cette plaine maintenant remplie par l’étalement urbain. A l’est de Montmiandon, des forêts de pins nous entraînent vers des reliefs plus marqués et enfin vers la limite du Parc Naturel du Pilat.

Qualification

Le relief marqué sur ce territoire et le passage de deux rivières donnent une impression de complexité à la ville d’Annonay. Les accès routiers contournent la plupart du temps le centre ville (rues étroites et tortueuses), on ne voit souvent que les faubourgs de la ville. Ils se dispersent ensuite en étoile vers les autres villages, faisant des faubourgs d’Annonay un lieu de passage obligé. Ce maillage de routes participe aussi à une lecture difficile de l’entité.La route D 121 nous emmène dans la vallée de la Cance étroite et encaissée. En sortant de la ville d’Annonay, on longe une multitude d’anciennes tanneries et mégisseries aux façades de briques usées, aux fenêtres aux carreaux cassés, qui s’égrainent plus on avance vers l’ouest. De grands domaines industriels complètement en friches (l’Auvergnat, Rochebrune) nous rappellent avec leurs cheminées de briques pointées vers le ciel un passé plus glorieux de la ville. Émane pourtant de ces lieux abandonnés une impression de vie, de tumulte passé accentué par le son de l’eau sur les roches du lit de la rivière. Son eau claire et pure était appréciée par les industries qui en faisaient une source d’énergie. La Deûme qui rejoint la Cance formant ainsi une presqu’île sur laquelle Annonay s’est édifié, est en partie canalisée dans la ville pour ensuite devenir plus sauvage au nord-ouest. Son eau est aussi utilisée par l’industrie du papier, notamment les papeteries CANSON.Les villages satellites d’Annonay ont su préserver leurs cœurs anciens. Les rues y sont étroites presque impraticables en voiture et de grands murs de pierres ocres et gris se dressent le long des voiries. Que se soit une façade, un mur pignon ou un mur délimitant un jardin ou un champ, ils organisent l’espace comme de petits labyrinthes de pierre au charme apprécié. Mais ces bourgs tendent à être asphyxiés par des colonies de lotissements et de villas dont les habitants semblent avoir quitté le centre urbain d’Annonay trop vieux, insalubre et sombre à la recherche de la « campagne ». Par l’ampleur de ce phénomène, cette « campagne » tant recherchée disparaît sous les constructions nouvelles. L’agriculture qui façonnait ces paysages entretenus (vergers, jardins, vignes et prairies …) n’est aujourd’hui plus qu’un vague souvenir. Malgré tout, subsistent de très beaux vergers sur le lieu-dit de Cormieu, mais jusqu’à quand ?Davézieux et Roiffieux, autrefois villages ruraux, deviennent depuis plus de 30 ans des faubourgs d’Annonay. Ces espaces sont principalement voués à l’habitat et à la résidence, sans réelle forme urbaine, se retrouvant dans une situation de péri-urbanité au tissu lâche. Ces formes d’implantation créent ainsi des lieux difficiles à appréhender, consommateurs d’espace, ni urbains ni ruraux, privatisés, sans espaces publics.

Transformation

L’entité urbaine et péri-urbaine d’Annonay ne manque pas de transformations et de projets. C’est une ville qui a en effet subi des phénomènes peu habituels liés à son histoire et sa position géographique. Depuis les différentes crises économiques et industrielles (début du 20ème siècle, après guerre 1945, chocs pétroliers…) les activités ont cessé, se sont délocalisées (actuellement CANSON vers la Chine), le nombre d’emplois a diminué et le taux de population a chuté. La ville est passée de 1975 à 2007 de 20 832 habitants à 17 257 habitants. C’est donc une crise économique profonde qui a eu des conséquences importantes sur les paysages urbains et ruraux de l’entité.Les vallées de la Cance et la Deûme sont très fortement marquées par un passé industriel. Il ne subsiste plus aujourd’hui de mégisseries et tanneries, même pour fournir les grandes maisons de luxe comme ce fut le cas jusqu’au milieu du 20ème siècle. C’est un décor de grandes usines à l’abandon depuis des années qui semble s’installer durablement dans les fonds de vallée.Le centre ville est lui aussi touché par les difficultés économiques. De nombreuses rues (rue Boissy d’Anglas, rue Mongolfier, Place de la Liberté, rue de Tournon…) sont emblématiques pour évoquer le phénomène de « désertification commerciale ». On ne compte plus les petits commerces (coiffeurs, restaurants, cafés, papeteries, boulangeries, cordonneries, horlogeries, bijouteries, magasins de vêtements…) qui ont tiré leurs rideaux, les rues fantômes où tout semble désert. L’accessibilité du centre ville (difficulté de se garer, de traverser certaines rues) a pu participer à la fermeture des commerces. En regardant bien l’organisation de la ville, on s’aperçoit que la plupart de ces magasins, même si certaines catégories ont été remplacées par les grandes surfaces, ont migré vers la zone commerciale plus accessible du Mas à Davézieux. On a donc aujourd’hui une concentration de « boites à chaussures » (hangars de tôles) en périphérie de la ville et le long des routes, une accumulation de publicités aux formats hétéroclites, aux couleurs criardes qui perturbent clairement la lecture de la ville et de son paysage. En observant des hangars en cours de construction, on peut supposer que ce phénomène est en train de s’étendre petit à petit.Du point de vue de l’habitat, le centre ville d’Annonay est aussi touché par ce phénomène de « désertification ». De nombreux bâtiments sont en état d’insalubrité et de détérioration critique ou tout simplement vides. Cette population, absente du centre, se retrouve nettement en périphérie, dans les villas et lotissements. La construction de l’habitat en dehors de la ville a comme cause la recherche d’une qualité de vie (lumière, vue, jardin, maison neuve…) passant par une volonté d’être à la « campagne ». Mais finalement, la multiplication de ce phénomène d’habitat dispersé en périphérie a transformé ces paysages ruraux en paysages péri-urbains, perdant de ce fait leurs qualités à la base convoitées. De nombreux projets de construction de lotissements et villas, de viabilisations de terrains sont en cours sur ce territoire, notamment sur les coteaux ouest, autour de Boulieu-lès-Annonay et au sud de Davézieux. On peut étayer la raison de ce phénomène par la disparition de grands domaines et le recul de l’agriculture. En effet, autrefois les grandes propriétés des patrons des usines se trouvaient sur les coteaux environnants d’Annonay, profitant ainsi de la vue depuis leurs parcs et leurs terres. En périphérie de la ville, elles étaient des freins fonciers à l’étalement urbain. Aujourd’hui, ces propriétés ont été vendues libérant ainsi de l’espace au sol. L’agriculture de plus en plus fragile recule peu à peu face à la pression et aux demandes foncières. On peut voir encore des enceintes de propriétés conservées (murets, entrées avec colonnes…) à l’intérieur desquelles un lotissement a été construit.Les quartiers périphériques d’immeubles collectifs datant des années 50 font aujourd’hui l’objet de réhabilitations. Un projet de requalification des quartiers du Zodiaque, de la Croze, des Bernaudin et de Fontanes est mené par l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine). La plupart des immeubles va être détruite pour laisser place à un « éco-quartier ». Un projet Cœur de ville a également été lancé pour la réhabilitation du centre historique d’Annonay.

Objectifs de qualité paysagère

Suite aux nombreuses évolutions et transformations qu’a subies l’agglomération, Annonay est face à des urgences urbaines. Les objectifs de qualité paysagère sont variés.On peut déjà exprimer la piste d’un renversement du développement urbain de la ville, afin de ramener sa population, son énergie et son activité en son centre. Le projet Cœur de ville pourrait être une réponse contre le phénomène de « désertification ». Des actions pour des ravalements de façade, la restauration du bâti, l’amélioration des logements, luttes contre l’insalubrité, aménagements des espaces publics seraient des réponses pour transformer et améliorer ce paysage urbain. Des travaux pour développer des liaisons entre le centre ancien et les quartiers environnants, redonner une place au piéton et résoudre les problèmes de stationnement, permettraient de rendre la ville plus fluide, mieux accessible. Cela permettrait de lutter contre l’éparpillement urbain, la consommation d’espaces ouverts qu’ils soient agricoles ou naturels. L’étalement des zones industrielles mais surtout commerciales pourrait être contré par une politique économique attractive et une amélioration des déplacements et stationnements dans le cœur d’Annonay pour faire revivre les commerces de proximité.Une attention particulière devra être apportée à une mise en valeur de l’histoire de la ville et de son patrimoine historique et industriel. L’importante présence de bâtiments religieux pourrait être mise en valeur (restaurations du bâti, parcours dans la ville, meilleures informations, plaques explicatives…). Les nombreuses friches industrielles, dont les bâtiments sont la plupart du temps remarquables, pourraient faire l’objet d’un classement au titre du patrimoine industriel. Les usines désaffectées des fonds de vallées pourraient être restaurées, en tant que témoignage d’une histoire et d’une activité typique de la région. La requalification de ces usines pourrait être faite en tant que lieux culturels, centres commerciaux, parkings à étages, salles de sports, pépinières d’entreprises… En gardant l’enveloppe architecturale des bâtis, le patrimoine serait sauvegardé et en aménageant à l’intérieur des bâtis des commerces, magasins, parkings. L’on réduirait ainsi l’impact des zones commerciales et de la voiture en centre ville.Mais avant tout, la ville d’Annonay a besoin d’une projet de cohérence globale (image forte, identité, parcours touristiques, rues piétonnes, revêtement du sol, signalétique…). Son patrimoine historique peu exploité (papier, montgolfière…) pourrait être une piste de réflexion.Se baser sur les passages de l’eau dans les deux vallées peuvent être des axes intéressants pour re-centrer la ville sur elle-même. Le projet d’aménagement piéton le long de la Cance serait à poursuivre et à étendre. Utiliser la trame bleue (Cance et Deûme+petits ruisseaux) donnerait une cohérence à la ville et permettrait de développer des espaces publics de qualité.Enfin, il serait urgent à une plus large échelle de désenclaver l’Ardèche d’un point de vue accessibilité. La ré-ouverture de la voie ferrée redonnerait un accès alternatif à la voiture. La remise en service de cette voie ferrée pourrait améliorer les échanges pendulaires entre Lyon, la vallée du Rhône, St Etienne et Annonay, et ouvrir un accès touristique vers « l’Ardèche Verte ».

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