Bassin de Bourg-d’Oisans

24 Bassin de Bourg d Oisans
Département  : Isère
 
Communes  : ALLEMOND, HUEZ, OZ, AURIS, LE BOURG-D’OISANS, LA GARDE, VILLARD-NOTRE-DAME, VILLARD-REYMOND, LIVET-ET-GAVET, OULLES, MONT-DE-LANS, VILLARD-RECULAS
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 6274
 
Carte(s) IGN : Top 25 : 3335 ET, 3336 ET

Impression générale

Ancienne vallée glaciaire, la vallée de Bourg d’Oisans frappe d’emblée par un puissant contraste entre son fonds plat et relativement large et les flancs rocailleux et plissés des massifs alentours. Une vision d’autant plus saisissante que l’on y pénètre après des paysages forcément plus accidentés, que l’on vienne de la montagne ou des vallées environnantes, plus sinueuses. Cernée de massifs montagneux qui en font toute sa richesse, porte d’entrée vers l’Alpe d’Huez, station alpine, cette vallée mêle trois éléments naturels, très proches, presque palpables : l’eau de la Romanche d’un bleu laiteux, la roche des montagnes aux plis graphiques, la végétation au rigoureux plan octogonal. Sur la longue ligne droite qui conduit à Bourg d’Oisans, chemins et lignes d’arbres perpendiculaires à la route créent une perception saccadée, et rythmée qui trompe l’ennui.

Identification

La platitude et la largeur relative (environ 2 kilomètres) de cette vallée glaciaire sont impressionnantes. D’autant plus qu’elle est placée dans le prolongement des gorges de la Romanche, une vallée très encaissée. C’est donc un « u » au fond très plat qui succède à un « v » très anguleux ou inversement. Dans la vallée, plusieurs séquences paysagères se mêlent, urbaines avec une route large et un habitat qui ne cesse de s’étaler, agricoles avec des terres exploitées cernées de haies et de fossés. Vue du ciel ou lisible sur les cartes routières, moins sur le terrain, une configuration géométrique particulière des parcelles se dessine autour de la Romanche ; il s’agit d’une zone drainée pour y favoriser l’agriculture.La Romanche, alimentée par les eaux du Vénéon bénéficie d’un lit majeur où elle coule avec aisance, puis se retrouve canalisée en ligne droite pour filer rapidement vers le nord. Tout au long du bassin, convergent 6 des vallées de l’Oisans.La route nationale offre également une grande ligne droite, bordée de quelques hameaux avant de gagner le Bourg d’Oisans, qu’elle contourne assez vite. Bordé au nord par le massif des Grandes Rousses, au sud par le massif du Pelvoux, il offre des vues très proches sur la structure géologique alpine, faite de plis, chevauchements et de failles.

Qualification

Au 18e siècle, la Romanche, qui inondait régulièrement cette vallée si plate, a été endiguée. La plaine a été drainée selon un schéma orthogonal qui assure l’originalité du bocage actuel. Le remplissage alluvial de la plaine en a fait une terre agricole fertile, sur plus de 2000 hectares. Une exploitation d’autant plus précieuse que de telles configurations de vallée sont rares dans cette zone de montagnes, où les terres agricoles se résument plus souvent à des pâturages d’altitude. Ainsi, la valeur du lieu semble être issue avant tout de sa topographie particulière de fond plat et de son emplacement en confluence de plusieurs vallées alentours.Aujourd’hui, à cet usage agraire s’en ajoutent d’autres, certains complémentaires, d’autres contradictoires. En effet, ce socle agraire qui a longtemps constitué la richesse de cette vallée fertile se trouve malmené par l’invasion de l’habitat et de la route.Le bassin de Bourg d’Oisans dévalue son caractère agraire, devient une vallée habitée et surtout une zone de transit touristique - situé le long de la Nationale 91 qui relie Grenoble à Briançon par le col du Lautaret. La route est extrêmement fréquentée, surtout en haute saison puisque Bourg d’Oisans est le point de départ de la montée vers l’Alpe d’Huez.

Transformation

La superficie restreinte met en tension les occupations et les usages et génère des transformations très fortes. Chacun a du trouver sa place. Autour de la Romanche, une activité agricole, des surfaces habitées, une route principale aménagée et des routes transversales de plus en plus fréquentées. C’est l’eau qui a façonné cette vallée, puis lui a donné toute sa richesse. Les aménagements ont été gigantesques, ils sont aujourd’hui « digérés ». Mais l’exploitation ne se limite pas à l’activité agricole, elle vise aussi des sables sur les terrains marécageux. Du coup, les terrains sont « confisqués » et il est très difficile d’approcher la Romanche. Son cours a été façonné pour répondre aux besoins des hommes, ici l’agriculture, plus loin la production hydroélectrique.Quant à Bourg d’Oisans, commune de près de 3000 habitants, elle a connu un développement continu, alimenté par la fréquentation de la station de ski de l’Alpe d’Huez. Celle-ci fait partie du Parc National des Ecrins et bénéficie d’un emplacement privilégié au cœur des massifs. L’habitat se développe ainsi en hauteur, pour la vue, la valeur foncière prenant le pas sur les autres.

Objectifs de qualité paysagère

Paysage bénéficiant d’un cadre exceptionnel, riche dans sa diversité et ses équilibres, il doit faire l’objet de la plus grande attention. Les aménagements récents de l’axe routier et notamment le contournement de Bourg d’Oisans pèsent sur l’intégrité de ce qui devrait conserver sa facette singulière de terroir de montagne. C’est aussi la route qui guide l’urbanisation, au détriment de la maîtrise du foncier. Le risque de l’envahissement du bâti sur les surfaces agraires est tel que ces paysages commencent à rappeler ceux de la vallée du Grésivaudan, à l’est de Grenoble, où ne seront bientôt préservées de la construction que les zones présentant des interdictions. Est ce qui est souhaité ? L’agraire ne structure plus vraiment l’espace quand l’habitat le colonise. L’endiguement a levé toutes les craintes sur les risques d’inondation naturelle, les aménagements de la plaine qui devaient être au service des l’agriculture sont exploités par la route et l’habitat. Dès lors, comment pérenniser ce caractère agraire? Comment limiter les velléités d’expansion de la modernité et de ses attributs discutables à moyen terme ?En dehors des schémas d’aménagement de territoire et d’urbanisme, on peut chercher des réponses du côté de la valorisation des ressources : trouver une relation entre ce terroir et le tourisme ; par exemple en valorisant l’exploitation minière et la découverte de la géologie et des métaux par le grand public. De même, les ressources locales mériteraient d’être valorisées comme la noix de Grenoble dans le Grésivaudan, pour offrir aux touristes des centres d’intérêt et de dégustation tout en soutenant les productions de qualité.

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